Publié le Vendredi 26 avril 2013 à 10h31.

Prothèses PIP : la vie des femmes ou les profits ?

En ce moment se tient à Marseille le procès de l’entreprise varoise Poly Implants Prothèses qui pendant 10 ans a fabriqué et distribué des prothèses avec un gel de silicone industriel non réglementaire mais meilleur marché. Des économies estimées à un million d'euros par an… Fondateur de PIP, Jean-Claude Mas, ainsi que quatre anciens dirigeants, sont jugés pour tromperie sur les qualités des implants ayant « pour conséquence de rendre l'utilisation des marchandises dangereuse pour la santé des personnes implantées ». Les 5 prévenus répondent également d'escroquerie. Certains avocats ont dénoncé le statut de partie civile de l'organisme allemand qui délivrait les certificats de conformité européens, et de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui auraient dû selon eux figurer à la barre des accusés.Alertée fin 2009 par les signalements d'un chirurgien et un taux de rupture des enveloppes des prothèses plus élevé, l'Agence française pour la sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps, devenue ANSM) découvre chez PIP des matières premières qui ne correspondent pas à celles annoncées. L’ANSM a alors suspendu la mise sur le marché et l'exportation des produits PIP et a ordonné leur retrait.

Une double peine

Beaucoup des 30 000 femmes ont été implantées après avoir subi une mastectomie suite à un cancer du sein. Ce scandale touche aussi d'autres femmes dans le monde : PIP réalisait en effet 84 % de son chiffre d'affaires à l'export. Kystes, infections, écoulements, menaces de rupture des prothèses sont le quotidien de ces femmes. Cela n’empêche pas l’ancien patron de PIP de dire que son gel maison n'était pas toxique, affichant dans ses déclarations un mépris insupportable vis-à-vis des femmes.Ce scandale n’est pas sans rap­peler celui du Médiator fabriqué pendant des années par le laboratoire Servier, malgré des alertes de médecins sur leur dangerosité. Une nouvelle preuve que laisser à des entreprises privées la fabrication de médicaments ou de prothèses est dangereux. Elles doivent être nationalisées sans indemnités et sous le contrôle de la population.

Isabelle Larroquet