La conférence de presse d’Emmanuel Macron du 16 janvier avait pour but de « fixer le cap » du gouvernement qu’il vient de nommer. Ce fut le cas pour la politique de santé, un sujet sur lequel le président s’est longuement exprimé.
Macron a « remis les pendules à l’heure », à la suite des déclarations de Gabriel Attal, son nouveau premier ministre. Celui-ci avait affirmé lors d’une visite au CHU de Dijon que « parmi les problèmes à résoudre, l’hôpital est en haut de la pile ». Il avait ajouté que le « prochain budget que mon gouvernement aura à présenter sera un budget historique pour l’hôpital public ». Il avait annoncé un budget de « trente-deux milliards d’euros supplémentaires » pour la santé dans les cinq ans à venir… Pur effet d’annonce, ces crédits ayant déjà été votés en décembre !
« Responsabiliser » les patients
Les propos du chef de l’État, lors de sa conférence de presse, ont levé toute ambiguïté. Macron n’a aucune intention d’infléchir sa politique de santé, pour accorder les moyens nécessaires à l’hôpital et permettre à chacunE d’accéder aux soins. Pour lui les problèmes d’accès aux soins et « d’engorgement » des urgences ne résultent pas d’un manque de moyens mais d’un manque d’organisation et du manque de « responsabilité » des usagers. Ils sont en cours de solution.
L’annonce clé de cette conférence de presse est le feu vert donné au doublement des « franchises » ; la somme qui reste à la charge du malade, à l’occasion d’une consultation, d’un examen de laboratoire, de la délivrance de médicaments. Là encore, il s’agit de « responsabiliser » par l’argent des patients qui « profitent » de la gratuité, pour consommer inutilement des soins.
Pour justifier le doublement des « franchises », Macron a repris, une formule qui lui est chère : « Il n’y a pas d’argent magique, ni dans la santé ni ailleurs […] les médecins, les médicaments ça ne coûte pas rien »
S’il n’y a pas « d’argent magique », il y a des richesses bien réelles produites par le travail, et il y a différentes manières de les répartir. Là est bien la question.
Des soins de qualité pour toutes et tous
Transformées en cotisations sociales versées par les employeurs aux caisses de Sécurité sociale une partie des richesses produites donnent la possibilité à chacunE d’accéder gratuitement à des soins de qualité selon ses besoins. Cela suppose bien sûr de prendre sur les profits et les dividendes versés aux actionnaires.
Pour Macron, il s’agit au contraire de permettre aux patrons et aux actionnaires de s’enrichir davantage, en réduisant la part des cotisations sociales (73 milliards d’exonérations estimées actuellement) et de reporter sur le patient le financement de ses soins. En conséquence les tarifs et mutuelles explosent et les franchises doivent doubler. La santé cesse dans ces conditions d’être un bien commun accessible à toutes et tous pour devenir une consommation comme une autre… que Macron ne m’a pas hésité à comparer à un forfait téléphonique !
Construire la mobilisation la plus unitaire possible contre le doublement des franchises, la lier à la lutte pour défendre l’AME (aide médicale d’État), pour le droit de toutes et tous à accéder à des soins de qualité, sans discrimination devient une urgence des semaines qui viennent.