Initié par le professeur Grimaldi, un appel « pour un débat public sur la santé » vient d’être lancé. Le NPA ne peut en être partie prenante. Pourquoi ?
Outre de nombreux médecins, cet appel est signé par des personnalités de la gauche syndicale (FSU, Solidaires) et anti-libérale... mais aussi par un éventail très large de personnalités politiques, allant du député souverainiste Dupont-Aignan aux éluEs communistes, en passant par le député UMP Bernard Debré, les anciens ministres Hervé Gaymard (UMP) et Michel Rocard (PS), et le député vert Noël Mamère... On y trouve même le nom d’Édouard Couty : inspirateur du « pacte pour l’hôpital » de l’actuel gouvernement.
Cet appel a un mérite. Il rend plus visible dans le champ politique une question essentielle : la place prise dans les soins courants par les assurances complémentaires (assurances ou mutuelles), cela au détriment de la Sécurité sociale, et la transformation graduelle et dramatique que cela entraîne. Une part croissante de la population (salariéEs, chômeurEs, étudiantEs, retraitéEs…) ne peut plus accéder aux soins.
Faut-il pour autant signer ce texte, c’est-à-dire nous engager, avec ses signataires, sur les objectifs qu’il s’assigne ? Nous ne le pensons pas.
Cohérence ou confusion ?
Il n’y a en effet aucune cohérence entre l’ampleur du mal dénoncé dans le texte et la proposition faite pour « arrêter cette dérive » : l’ouverture d’un « large débat citoyen, suivi d’un vote solennel de la représentation nationale ». La montagne accouche d’une souris !
Il n’est en effet pas question d’imposer un changement (même limité) de la politique santé, mais seulement un débat et un vote de « la représentation nationale ». L’issue de ce vote dans les conditions actuelles ne faisant, par ailleurs, aucun doute... Quant aux modalités du débat proposé, elles ne sont nullement précisées.
Le décalage entre l’enjeu politique, et l’objectif proposé, explique que, à peu de frais, un certain nombre des signataires puissent être aussi les initiateurs et les principaux responsables de la dérive dénoncée dans l’appel, tel Michel Rocard. Signer en leur compagnie cette demande de débat revient à demander d’éteindre l’incendie en compagnie des incendiaires, incendiaires qui n’ont pas renoncé à leurs projets. Cela ne peut que semer la confusion.
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