Publié le Jeudi 14 juillet 2011 à 16h39.

Guéant et Sarkozy n’aiment pas rendre des comptes !

Le rapport de la Cour des comptes sur la politique sécuritaire de Sarkozy et de l’UMP fait grincer quelques dents à droite et au ministère de l’Intérieur... Le dernier rapport de la Cour des comptes sur l’organisation et la gestion des forces de sécurité, publié le 7 juillet dernier, est sans appel sur la politique menée par Sarkozy depuis 2002 : hausse de la violence, lutte contre les stupéfiants tournée particulièrement sur les consommateurs, la videosurveillance extrêmement couteuse, moyens en baisse, remise en cause de la fiabilité des statistiques utilisée par le ministère... bref, c’est toute la politique de Sarkozy qui est critiquée et qui jugée inefficace. Mais la critique ne plaît pas.

Sans attendre la publication du rapport, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, suivi de très près par les députés de la droite « populaire », a tiré à boulets rouge sur la Cour des comptes, la considérant comme une « filiale du Parti socialiste », montrant ainsi tout leur mépris pour une institution indépendante et oubliant au passage que ce rapport avait été initié par Philippe Séguin.

Mais il est vrai que depuis des années et des années, on nous rabâche les oreilles sur les excellents résultats ce cette politique. Claude Guéant lui même, disant haut et fort, le 19 juin dernier, que « depuis 2002 la délinquance a reflué de 17 % dans notre pays. L’année dernière il y a eu 500 000 victimes de moins. [...] Il y avait en 2002 un taux d’élucidation des affaires de 26 %, [...] cette année on s’achemine vers 38-39 % », sans que ces chiffres ne correspondent vraiment à quelque chose sauf à faire de la propagande.

À quelques mois de l’élection présidentielle, mettre en cause et montrer les failles du principal volet de la politique de Sarkozy, est délicat à gérer pour le candidat-président et son équipe. On comprend donc mieux ce lever de bouclier. Et pour bien montrer sur quel terrain se jouera la prochaine campagne électorale, Claude Guéant au même moment fustige et montre encore une fois du doigt les immigrés. Il s’attaque désormais à l’immigration légale en faisant le lien entre problème de logement, échec scolaire et immigration... Bref, un véritable feu d’artifice contre les immigrés digne des discours du Front national. Insécurité socialeMais derrière ce « scandale », ce que relève ce rapport de la Cour des comptes, c’est que la politique du tout sécuritaire et du tout répressif menée depuis 2002 n’est en aucun cas la réponse à la seule insécurité qui existe aujourd’hui : l’insécurité sociale. Depuis plus de dix ans, le discours sur « l’insécurité » a permis la multiplication des lois sécuritaires allant toutes dans le même sens : pénalisation à outrance de tous les délits de la misère, mise à l’écart définitive d’une partie de la population, criminalisation de la jeunesse, des sans-papiers, de ceux et celles qui résistent, fichage de la population, etc. Cela a permis une mise sous surveillance policière de certains quartiers avec la création de brigades spéciales de terrain qui n’ont faut qu’aggraver les tensions dans les quartiers touchés par des taux de chômage record et qui prennent la crise de plein fouet. Et dans le même temps, le gouvernement casse les services publics, notamment de la santé en fermant des hôpitaux et des maternités, en supprimant des milliers de poste dans l’éducation nationale – enseignants mais aussi éducateurs – en détruisant la protection sociale.

Par contre, les principaux responsables de cette insécurité sociale sont bel et bien les banquiers qui trafiquent entre bandes rivales et égarent des milliards issus du travail des salariés et les patrons qui licencient et précarisent. Mais ceux-là, bien cachés derrière les exonérations de cotisations sociales, de cadeaux fiscaux en tout genre, bien nourris de toutes les subventions, gavés de retraites chapeau, de « golden hello », ne risquent rien de la part du gouvernement, au contraire ! Et c’est bien là le scandale !

Sandra Demarcq