Publié le Samedi 18 juillet 2015 à 22h06.

La Courneuve (93) : « Leparkétanou »

Dans une ambiance de victoire, près de 500 personnes se sont rassemblées dimanche 5 juillet dans le parc Georges-Valbon (93). C’était le temps fort de la mobilisation contre le « Central Park » de la Courneuve, « Leparkétanou ».

Troussel, président du département, a mis plusieurs mois pour réaliser que ce projet était « dément »... Pourtant, quelques secondes suffisent aux usagers découvrant la chose : « Construire dans notre parc ? Mais on n’a que ça... ».

Inconcevable ? Pourtant... Le Grand Paris des promoteurs a besoin de foncier. Quelques « grandes têtes » de l’urbanisme (Castro-Denissof et CDU) proposent le Parc de La Courneuve pour y faire, comme à New York, un « Central Park ». Tant pis si des milliers d’habitantEs profitent de 400 ha de nature en plein 9-3. Tant pis pour ses espaces classés Natura 2000. Tant pis si c’est le résultat de 50 ans d’aménagement public. À quoi ressemblera ce « Central Park » ? 24 000 logements sur 20 % du parc. Une ville dans le parc. Mais pas une ville pour les habitantEs des quartiers populaires.

Main basse sur le Parc...

Ce « Central Park » ne répond pas au mal-logement. La « diversification de l’offre de logement » chasse au contraire les familles populaires. Ce « Central Park » ne répond pas aux problèmes d’accès, bien réels. Au contraire.

Sa logique, c’est celle qui bétonne les terres agricoles du triangle de Gonesse. Centre commercial de luxe là-bas, logements ici, avec « services intégrés » pour « attirer des classes moyennes, des intellos, pour créer du mélange » (selon Roland Castro...). En clair : construire des logements, que les habitantEs d’ici ne peuvent pas se payer, sur le parc qu’ils utilisaient, gratuitement...

Castro et consorts savent vendre. Fin 2014, quelques élus du coin sont charmés, le gouvernement aussi. Valls prévoit une « Opération d’intérêt national », un outil réglementaire pour l’imposer aux élus locaux.

Défense et extension !

Pour s’opposer à ce hold-up, un collectif s’est créé. L’information est massivement diffusée. 11 000 signatures sont récoltées contre la privatisation de notre jardin commun. Le collectif a su porter une voix populaire en coupant l’herbe sous le pied des élus : plus question de nous confisquer la parole ! 

Le Collectif pour la défense et l’extension du Parc de la Courneuve-Georges-Valbon a su politiser le débat. Le 5 juillet, les parents d’élèves en lutte des cités proches, les personnels mobilisés de l’hôpital Delafontaine et le collectif pour le Triangle de Gonesse ont aussi fait le lien avec leur lutte.

La vigilance reste de mise

Aujourd’hui, Troussel et Valls ne parlent plus que d’aménagement des « franges » du parc... Où commencent-elles ? Pas sûr d’être sur la même longueur d’onde que l’AFTRP, agence foncière de la région parisienne, un établissement « public » qui rêve d’exercer son ingénierie sur cette opportunité foncière.

Des projets similaires pourraient réapparaître après les élections régionales. Le risque est grand que des tractations se mènent par commune, avec chantage à la clef : « on vous couvre l’A1 et pour dessiner les franges, on tient le stylo... »

Le Collectif reste mobilisé jusqu’au « retrait officiel […] de tout projet de construction de logement sur le parc mais aussi des moyens pour son extension ». Valls peut en être assuré : nous resterons mobilisés face sa « politique de peuplement » contre les quartiers populaires.

Correspondant