Peines planchers, explosion des comparutions immédiates, plaider coupable, rétention de sûreté à l’encontre de certains détenus ayant déjà accompli leur peine, réforme de la carte judiciaire avec fermeture de nombreux petits tribunaux, tentative de suppression des juges d’instruction... La justice a été pendant ces cinq ans un vrai laboratoire pour Sarkozy.
La reprise en main des procureurs par le ministère, la mise en cause permanente des magistrats du siège indépendants de l’exécutif, le président n’a cessé de remettre en cause le pouvoir judiciaire.
Les mineurs sont particulièrement dans l’œil du cyclone. Avec beaucoup de mauvaise foi et de mensonges, il passe son temps à faire croire que la justice ne fait rien, que l’Ordonnance de 1945 qui régit les mineurs devrait être réformée.
Parallèlement, Sarkozy sait épargner ses petits camarades et, en conformité avec ses discours, il tente de dépénaliser le droit des affaires, puisque les dirigeants d’entreprise « ne volent pas mais commettent des erreurs ». Une commission est mise en place, mais au même moment une affaire EADS éclate, mettant en cause un des proches de Sarko, Lagardère, qui aurait commis un délit d’initié. Comprenant que la mesure ne serait pas populaire, le projet est enterré. Et comme par hasard, peu de temps après, le président annonce le projet de suppression du juge d’instruction. Puisqu’on ne peut contrôler les juges, autant les supprimer au profit du parquet (les procureurs) qui lui est aux ordres et ne transmettra pas l’affaire à la justice. Nouveau tour de passe-passe, magnifiquement illustré par l’affaire Bettencourt.
Sans compter l’utilisation savamment orchestrée de tous les faits divers qui justifient selon lui une nouvelle loi. Au final, les prisons sont plus que pleines, la récidive ne diminue pas, les juges sont surchargés et tout le monde judiciaire est en colère.
Seuil, 230 pages, 18 euros