Depuis le 24 février, dans 10 départements préfigurateurs, il est possible de payer en numéraire ou carte bancaire ses différents impôts, amendes ou factures chez certains buralistes. Cette externalisation d’une des missions centrales des finances publiques sera généralisée dès juillet 2020.
En toute discrétion, via l’article 201 de la loi de finances de 2019, le gouvernement a acté l’externalisation d’une des missions centrales de la Direction générale des Finances publiques (DGFIP), celle du recouvrement des impôts, amendes et factures de cantine, d’hôpital… Désormais les buralistes, via le terminal de la FDJ (société qui vient, rappelons-le, d’être privatisée), pourront encaisser par carte bancaire mais aussi en espèces les sommes dues au Trésor public quelle que soit leur nature. Les buralistes candidats recevront 1,50 euro HT pour chaque transaction effectuée. À ce jour, sur 22 000 buralistes équipés du terminal de la FDJ, seuls 6500 se sont portés candidats. La raison essentielle de cette externalisation pour la DGFIP est entre autres de supprimer les espèces et les risques encourus, mais c’est aussi une autre façon pour que les usagerEs ne viennent plus dans les centres des finances publiques.
Des gagnantEs… mais surtout des perdantEs
Pour le président de la Confédération des buralistes, cette nouvelle activité pour les buralistes est une véritable aubaine, Philippe Coy parle même de « victoire historique pour les buralistes. Elle s'inscrit dans le plan de transformation que j'ai engagé contre vents et marées ». Sans oublier qu’elle peut aussi leur rapporter gros car cette externalisation s’inscrit pleinement dans la marchandisation des services publics.
Mais combien exactement cela va-t-il rapporter à la fois à la FDJ et aux buralistes ? Cela reste un véritable mystère puisque pour le coup la DGFIP et le gouvernement n’ont pas été très transparents sur cette opération. Mais parions que cela leur rapportera suffisamment pour accepter cette « mission » puisque ce gouvernement, comme les précédents, a toujours eu comme politique de privatiser les profits…
Et pour les usagerEs ? S’ils et elles n’ont pas besoin d’un étalement de paiement, de questions précises sur les sommes réclamées, pas de problème. Mais, il faut l’avouer, ces usagerEs deviennent de plus en plus rare au vu, entre autres, des difficultés financières croissantes d’une majorité de la population, de la complexité de la fiscalité. Ils et elles devront donc pour cela aller dans le centre des finances publiques le plus proche… c’est-à-dire, avec la mise en place du nouveau « Réseau de proximité » de Darmanin, à quelques dizaines de kilomètres, car leur trésorerie aura d’ici là certainement disparu et que l’Espace France service (EFS) ne sera pas en capacité de répondre à toutes les interrogations…