Publié le Jeudi 9 juin 2011 à 13h46.

Les défenseurs du patrimoine…

Depuis lundi les députés discutent du projet de loi de réforme fiscale qui prévoit la suppression du bouclier fiscal et, en contrepartie, l’allégement, la quasi-suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Le bouclier fiscal, cadeau de Sarkozy à la bande du Fouquet’s après son arrivée à la présidence, était devenu à la veille de la campagne pour 2012, le symbole d’une politique de classe par trop indéfendable. L’an dernier, grâce à lui, les 925 contribuables les plus riches dont Liliane Bettencourt, avaient reçu du fisc un chèque de 380 000 euros en moyenne. Exit donc le bouclier fiscal.

Mais le président des riches qui a du savoir-faire avec ses amis s’est empressé de leur offrir un nouveau cadeau qui compense largement la fin du bouclier fiscal, un gain de 1,9 milliard d’euros !Les 320 000 moins riches des riches qui disposent d’un patrimoine compris entre 790 000 et 1,3 million d’euros seront exonérés d’ISF grâce à la suppression de la première tranche. Pour les 270 000 plus riches des riches, le taux d’imposition est réduit à 0,25 % jusqu’à 3 millions d’euros, 0,5 % au-dessus… Les 6 350 redevables les plus riches se partageront l’essentiel du cadeau, soit 640 millions d’euros !

Ce cadeau, manque à gagner pour l’État, serait financé, prétend Bercy, par le relèvement de l’imposition des successions et la création de différentes taxes. Tout cela reste à voir.

Mais ce qui agite et divise les députés UMP est de savoir s’il faut ou non inclure dans ce qui reste de l’ISF les œuvres d’art qui en avaient été exclues par François Mitterrand lors de la création de l’impôt sur les grandes fortunes en 1982. Au nom de la défense du « marché de l’art », le gouvernement s’y oppose. 

Lui qui n’a pas de mots assez durs pour fustiger les « assistés » du RSA, qui détruit les services publics au nom de la lutte contre le déficit budgétaire, ferme les écoles, licencie les fonctionnaires, ne voudrait pas quand même se comporter de façon aussi indélicate à l’encontre de ses riches commanditaires amoureux des arts.Il est temps que les travailleurs leur imposent le respect de ceux qui produisent les richesses qu’ils leur volent.

Yvan Lemaitre