Publié le Mercredi 13 novembre 2019 à 11h41.

Les dégâts de la sous-traitance dans les bus pour « pauvres »

Le 6 octobre, un mort et 17 blesséEs sur l’A61. Le 3 novembre, 33 blesséEs, dont quatre graves, sur l’A1. Soit deux accidents majeurs en moins d’un mois, impliquant à chaque fois des cars FlixBus (compagnie qui a récemment absorbé Eurolines et Isilines), principal rival de BlaBlaBus (qui a récemment racheté Ouibus) dans le domaine des cars « low cost », également surnommés « bus Macron ». C’est en effet « grâce » à l’actuel président de la République que le secteur a été libéralisé en 2015, avec la promesse de transports sûrs et à moindre coût, en expliquant sans sourciller que cette réforme allait « bénéficier aux pauvres qui voyageront plus facilement ».

Même si le système s’est développé, destruction du réseau ferroviaire aidant, le moins que l’on puisse dire est que le bilan est catastrophique en ce qui concerne les conditions de travail des chauffeurEs et, partant, les conditions de sécurité des voyageurEs. Car la libéralisation, c’est la sous-traitance, l’uberisation et, à l’arrivée, cette situation ubuesque dans laquelle un groupe comme FlixBus ne possède pas de véhicules et n’emploie pas de chauffeurs. C’est ce qu’explique Charles Mouton, directeur des opérations FlixBus : « FlixBus est une société organisatrice de transports de passagers. À ce titre, elle ne possède pas d’autocars. Ceux-ci sont la propriété des sociétés avec lesquelles nous avons noué des contrats : 350 dans toute l’Europe, dont 80 en France. Et les chauffeurs sont salariés de ces sociétés. »

Un système désormais bien connu, qui produit mécaniquement une concurrence exacerbée et des conditions de travail dégradées. Fin 2018, Libération publiait le témoignage de plusieurs chauffeurs de « bus Macron » : « Les pauses ne sont pas prévues dans le temps de trajet » ; « Si on a un salaire donné pour une amplitude de huit heures et que l’on en travaille sept, on reste payés pour huit. Mais s’il y a du retard, il n’y a pas d’heure supplémentaire ! » ; « La qualité des hôtels dans lesquels on est hébergés est par exemple en baisse » ; « On a des gars qui lâchent. Autour de nous, on a eu des cas de dépressions, de pétages de câble… Cette usure réduit les effectifs. » Dans de telles conditions, nulle surprise à ce que les incidents (passagers « oubliés », pannes, etc.) et les accidents (plus ou moins graves) se multiplient. Mais Macron et son gouvernement s’en fichent : après tout, ce sont des bus pour les pauvres.