Publié le Mardi 9 avril 2013 à 11h33.

Marseille : réfléchir à l'ombre des violences

Marseille est devenue un alléchant sujet pour la presse : 24 morts par balle en 2012, un jeune à nouveau abattu par un policier ces dernières semaines, des fusillades en plein centre-ville, quatre dirigeants socialistes de haut rang qui sombrent dans divers ennuis judiciaires…Nombreux sont les politiques qui tentent de focaliser le débat sur cette situation d'insécurité. Si « l’État de droit a déserté » les cités marseillaises, c'est en premier lieu du fait d'un système clientéliste, qui ajoute à la précarité sociale une pratique politique où logements, subventions aux associations ou emplois sont devenus une monnaie d'échange électoral, voire mafieuse, et non un droit. Alors que ce système est en crise du fait des diminutions des budgets publics et des affaires judiciaires, la précarité sociale n'en finit plus de se développer et le système s'effondre.Au-delà de la violence médiatique et meurtrière se cache une violence des rapports sociaux. En l'absence de régulation institutionnelle, de réponse politique à cette violence sociale, tant sur le terrain de l'emploi que de la sécurité individuelle et collective, des habitants cherchent leurs propres solutions.Combat contre l'insécurité sociale, policière ou mafieuseIl est temps de prendre en main cette question. Ainsi, nous pourrons ouvrir le champ des possibles et répondre de manière globale au problème des violences. En l'absence d'organisation collective de la vie de la cité, ce sont les réseaux, les mafias qui viennent combler cette faille.La première tâche doit être de désarmer la police immédiatement et lui couper ses velléités répressives, mais cela ne permettra pas de désarmer la mafia. Un troisième pôle doit donc s'affirmer, entre la violence politique et sociale et la violence mafieuse qui ne sont que les deux faces d'un même système. Ce pôle ne peut émerger que des habitants eux mêmes. Pas de solutions toute faite mais une démarche : celle de l'éducation populaire, de l'action sociale, de la lutte pour l'emploi, des solidarités. Une telle « autorité » ne peut donc se constituer que comme le fruit de l'élaboration collective de « ceux d'en bas », rompant avec les institutions existantes pour en dessiner de nouvelles.Kevin VayArticle en intégralité : http://blogs.mediapart.fr/blog/kevin-vacher/020413/marseille-reflechir-lombre-des-violences