Les deuxièmes Rencontres des villes en gratuité des transports publics, qui se sont déroulées les 10 et 11 septembre à Châteauroux (où s’est tenue la troisième Coordination nationale), sont l’occasion de faire le point sur l’avancée de cette revendication que le NPA défend depuis plusieurs années.
Depuis 2 ans on observe une nette avancée de cette idée, déjà à l’œuvre dans une trentaine de villes. Après Aubagne, l’arrivée de transports gratuits à Dunkerque, Calais, mais aussi à l’étranger, à Tallin (Estonie) ou au Luxembourg, a crédibilisé cette solution à une échelle de masse. Les annonces d’expérimentations en Allemagne, à Paris, à Clermont-Ferrand, etc., donnent de l’écho à la gratuité des transports comme un sujet sérieux et une véritable voie alternative. Les municipalités où la gratuité existe reconnaissent qu’un retour en arrière serait un suicide politique au vu de la satisfaction populaire, comme à Châteauroux ou à Aubagne, pourtant à droite.
Pression des mobilisationsL’appel lancé par la Coordination pèse dans les organisations pour débattre et intégrer cette proposition dans les revendications centrales de la rentrée. Au début de l’année, la direction du PCF s’est positionnée en faveur de ce mot d’ordre, malgré les réticences de beaucoup de ses maires et élus. C’est vrai aussi de Génération·s en Isère. Dans la CGT, des secrétaires départementaux ont signé l’appel. Le débat existe désormais chez EÉLV, comme le précisait son représentant à Lyon lors du Forum « Fêtons la gratuité » organisé par Paul Ariès en janvier.Évidemment le contexte a accéléré les choses : les mobilisations pour le climat, la santé, les mouvements sociaux (Gilets jaunes, salaires, etc.) poussent les forces politiques à avancer des mesures concrètes qui, pour l’instant, n’arrivent pas vraiment. Chez des Gilets jaunes, mais aussi dans certains collectifs climat, la revendication de gratuité des transports a été intégrée.
Contre-feuxOn peut observer diverses réactions. Des élus en France ont pris eux-mêmes l’initiative de lancer des études pour, en fait, démontrer que la gratuité des transports n’est pas possible (Île-de-France, Paris). C’est également le cas dans cinq villes en Allemagne. Ailleurs, comme à Calais, la municipalité a annoncé le passage en gratuité suite au mouvement des Gilets jaunes. À Grenoble, le SMTC (Syndicat mixte des transports en commun) a réalisé une étude d’impact qui doit bientôt sortir. Fin septembre, le résultat d’une étude sénatoriale devrait être présenté.Du côté des acteurs historiques comme la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports) et Groupement des autorités responsables de transport (GART) ou de chercheurs comme FrédériC Héran, le contre-feu a été lancé avec plusieurs études qui répètent en boucle les mêmes arguments hostiles à la gratuité.
Rapport de forcesUn élément du débat est à prendre en compte sérieusement : il s’agit de l’offensive du Medef et du gouvernement pour attaquer les services publics de transport et réformer le VT (versement transport). Ce VT, qui n’existe qu’en France, est une taxe essentielle payée par les entreprises de plus de 11 salariéEs. Il représente 47 % du financement du service public de transport (33 % collectivités, 20 % usagerEs). Leur volonté est de transformer le VT en VM (versement mobilité) et d’utiliser cet argent pour financer la « transition écologique » et subventionner les constructeurs privés, pour les véhicules électriques notamment.Les débats à Châteauroux ont montré une réelle avancée des partisans de la gratuité qui embarrasse ses détracteurs, mais le combat fait rage et ne fera pas l’économie d’un nouveau rapport de forces pour imposer au patronat ce nouveau droit, par la défense et l’augmentation massive du VT. Les émissions polluantes du secteur des transports (30 % environ) nous rappellent tous les jours l’urgence d’imposer cette bonne solution. Michel S.