Le 25 mai, un protocole d’accord a été signé entre la directrice de l’École normale supérieure, Monique Canto-Sperber, d’une part, et l’assemblée générale (AG) des personnels en grève, des étudiantEs mobiliséEs, les syndicats locaux Ferc-Sup-CGT et SUD-Étudiant, d’autre part.
Il aura fallu sept mois de lutte, 136 jours de grève, de nombreux blocages, l’occupation des bureaux de la direction durant quatre semaines, près d’une centaine d’AG démocratiques et souveraines, le soutien des fédérations de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la fonction publique, le combat de l’AG et des syndicats locaux combatifs contre des bureaucrates locaux et nationaux qui ont tenté de négocier dans le dos de l’AG... Mais le résultat est une victoire importante : • 22 précaires ont gagné un CDI : 19 employéEs présentEs depuis plus de trois ans à l’ENS, ainsi que les trois grévistes qui n’ont pas encore cette ancienneté ;• dans les mois et années à venir, toutE précaire atteignant trois ans d’ancienneté bénéficiera automatiquement d’un CDI ; • prime annuelle de 1 000 euros bruts pour les CDD et de 900 pour les CDI, grille indiciaire pour touTEs les contractuelLEs alignée sur celle des fonctionnaires, permettant que soit enfin prise en compte leur ancienneté ; • paiement des jours de grève à 83 % ;• mutation-sanction interne et enquête disciplinaire contre l’odieux chef de cuisine qui maltraitait et injuriait les personnels ;• engagement de la direction à ce que la gestion du restaurant, de l’internat et du ménage ne soit externalisée ni au privé ni au Crous ; • les postes de fonctionnaires éventuellement accordés dans le cadre de la loi Tron seront proposés en priorité aux contractuelLEs de catégorie C sans qualification (titularisables sans concours) ;• féminisation du protocole d’accord.
La stagnation du rapport de forces, la fatigue des grévistes, l’arrivée des examens, le déficit de la caisse de grève à la fin n’ont pas permis de continuer la grève pour la titularisation : Pécresse, soutenue par l’intervention directe de l’Élysée, n’a pas concédé les quatorze postes que le secrétariat d’État à la Fonction publique avait proposés. Il n’a pas été possible non plus de contraindre la direction de l’ENS à demander ces postes (elle n’en veut que pour les catégories A !). Enfin, la direction a refusé de retirer les cinq plaintes déposées et de s’engager à ne pas sanctionner élèves et grévistes. Le risque de suites judiciaires et disciplinaires est donc réel – mais les grévistes se sont engagéEs à reprendre la grève à la moindre annonce de sanction.
Cela n’enlève rien à l’évidence de la victoire ! La leçon qui en découle est que, même dans une situation sociale globalement peu favorable, la grève dure, la caisse de grève, la force de l’unité dans la lutte, la démocratie ouvrière en acte et l’expérience des militantEs politiques sont les ingrédients qui permettent de gagner.
Comité NPA de l’ENS