Depuis une semaine, une série d’actions mobilise chômeurs et précaires sous le symbole de la « grève des chômeurs ». À Rennes, Brest, Quimper, Tours, Caen, Nantes, Paris, Nice, Bordeaux, Montpellier, Montreuil et bientôt Lille, la grève revêt peu à peu ses formes originales : déménagement du mobilier à Rennes, occupation de la caisse d’allocation familiale à Brest, piquet de grève dans la rue piétonne de Montreuil.
À Paris, l’occupation du siège de Pôle emploi a été suivie de 97 arrestations qui ont entraîné, le lendemain, une motion unanime des syndicats de Pôle emploi (SNU-FSU, Solidaires, CGT, FO) soutenant les revendications des chômeurs. Lancé par le collectif de Rennes – qui avait organisé des actions et manifestations importantes en décembre 2009 –, appuyé sur la coordination bretonne – dont le collectif de Brest avait occupé pendant huit jours la mairie en décembre –, ce mouvement reprend les acquis des Marches contre le chômage et les précarités de fin 2009. Soutenu par la Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France (CIP-IDF), il a été rejoint par AC ! et diverses organisations de soutien aux chômeurs. Malheureusement, les anciennes associations de chômeurs (Apeis, CGT Chômeurs) en sont encore absentes. La grève, c’est le refus, sous toutes ses formes, du contrôle que met en place Pôle emploi. C’est le refus du travail imposé, avec les « offres raisonnables d’emploi », déqualifiées, partielles, précaires et très éloignées du domicile. C’est, comme le réclame le tract de Nice, le « blocage de la machine à précariser » pour réclamer l’arrêt des radiations et des autres harcèlements.Comme le dit un manifestant de Nantes, « la grève, c’est l’occasion de s’organiser collectivement, de faire plier la machine Pôle emploi – en accompagnant les chômeurs en cas de problèmes par exemple – et de lutter contre l’individualisation, la culpabilisation et l’exploitation des chômeurs avec des boulots précaires. Ce n’est plus un chômeur face à Pôle emploi mais un + un + un... Pas forcément avec des revendications à la clé mais surtout la volonté de s’unir pour inverser le rapport de forces en notre faveur. » Cette grève marque une nouvelle étape dans la remobilisation des chômeurs et précaires. Elle doit être soutenue par le maximum de forces dans notre pays.
Louis-Marie BarnierExtraits de l’appel à la grève lu, lors de l’intervention inattendue d’un collectif à l’émission « L’objet du scandale » sur France 2 : « Franchement, nous avons mieux à faire que de vendre notre temps de vie pour un salaire de misère, à des entreprises qui décident à notre place quoi et comment produire. Avec ou sans emploi, à la retraite ou plus jeunes, nous voulons un revenu garanti pour tous et toutes, inconditionnel, qui nous permette de vivre et ne plus penser le travail comme ce que nous avons ou n’avons pas, mais comme ce que nous faisons. Que mille collectifs fleurissent sur les décombres du plein emploi. Inventons ensemble la grève des chômeurs et précaires ! »