Mardi 6 février, notre camarade Salim comparaissait devant la 33e chambre du TGI de Paris pour « violence avec arme par destination ». Chronique d’une tartufferie judiciaire.
Rappel des faits : le dimanche 28 mai 2017, Salim prend un « café-verre d’eau », en compagnie d’une amie, à la terrasse d’un café du boulevard Ornano dans le 18e arrondissement de Paris. C’est jour de marché dans ce quartier populaire parisien, et il fait très chaud. Myriam El Khomri, ex-ministre du Travail détestée par touTEs les opposantEs à la « loi travail », accompagnée de son équipe et de son garde du corps, distribue des tracts électoraux pour les prochaines législatives. Elle est candidate dans cette circonscription.
Garde à vue
Salim se lève et projette sur elle les quelques centilitres d’eau contenus dans son verre. La candidate, à peine surprise, continue son chemin, esquissant même un sourire, marquant ainsi le caractère anecdotique et sans suite de l’évènement. Elle ne portera d’ailleurs pas plainte, ni ne se constituera partie civile contre notre camarade.
Mais au lieu de s’arrêter là, l’incident dégénère : la police, avertie de l’incident par le garde du corps, arrive en nombre, interpelle Salim, l’embarque au commissariat de la Goutte-d’Or. Il est alors placé en garde à vue, puis déféré au parquet et inculpé pour « violence avec arme par destination ».
Acharnement policier et judiciaire
On aurait pu penser que, passé cet emballement disproportionné, la préfecture de police et le parquet retrouveraient un minimum de sérénité et de sens du ridicule en abandonnant les poursuites. C’était sans compter sur la détermination politique de l’État à appliquer la « tolérance zéro » envers toutes celles et tous ceux qui osent défier ou tourner en ridicule les pantins qui le représentent. Car ne nous y trompons pas : cette grotesque histoire n’aurait pas eu de suite si Salim n’était pas connu comme un infatigable militant antiraciste, omniprésent et connu sur tous les campements de migrantEs du nord de Paris… Alors, il fallait bien que la farce continue !
Des réquisitions ubuesques
Sans mesure, et sans pudeur, le procureur de la République a osé tenter de démontrer que l’eau constituait une « arme par destination ». Que Myriam El Khomri ne connaissait pas « la nature du liquide qui lui était lancé », que l’eau pouvait être une arme de torture, avec allusion au supplice de la goutte d’eau… Il a ensuite requis contre notre camarade une amende de 1 000 euros avec sursis et un an d’interdiction des droits civiques, toujours avec sursis, pour refus de prélèvement d’ADN.
Une condamnation scandaleuse
Ne suivant qu’en partie les demandes du parquet, le tribunal a condamné Salim à 500 euros d’amende avec sursis pour le verre d’eau, et 500 euros avec sursis pour le refus de prélèvement ADN. Loin d’être anodin, ce jugement est inique et constitue un précédent pour toutes celles et tous ceux qui refusent de se coucher devant ces guignols qui nous gouvernent. Nous réaffirmons notre devoir d’insolence devant eux et leur pouvoir !
Alain Pojolat