Publié le Jeudi 4 mars 2010 à 16h02.

Conflits sociaux : maintien de l’emploi ou indemnités ?

De nombreux conflits sociaux se soldent par des revendications d’indemnités de licenciement, mettant de côté la question essentielle du maintien des emplois. Un grand nombre de conflits à l’occasion de l’annonce de licenciements ou de fermetures d’entreprises se sont organisés autour de la revendication de primes supra-légales de licenciement. Cela a occasionné des discussions dans les organisations syndicales et les partis se réclamant de l’anticapitalisme. En effet, ces revendications, appuyées sur des actions souvent radicales, comme la séquestration de la direction, conduiraient à mettre de côté l’objectif du maintien de l’emploi. Il faut rappeler dans un premier temps que les indemnités prévues par le Code du travail sont absolument dérisoires. Rien n’oblige un patron à verser plus que ce qui est prévu, c’est-à-dire quatre mois de salaires pour 25 ans d’ancienneté ! Face à ce mépris, ces conflits sont avant tout des réactions de fierté et une volonté de « récupérer » une partie de ce qu’a volé le patronat au cours de toutes ces années de labeur. Et, dans les meilleurs cas, une somme d’argent suffisante pour tenir le coup en attendant de retrouver un emploi. On peut bien sûr critiquer ces luttes parce qu’elles se placent sur un terrain monétaire et n’avancent pas d’alternative à la question de l’emploi. Mais c’est bien l’absence d’alternative globale, à l’échelle nationale, voire européenne, qui oblige les travailleurs à lutter sur cette base. La plupart des salariés sont conscients du fait que la question de l’emploi ne peut se résoudre à l’échelle d’une entreprise, d’une ville ou d’une région. Mais faute de perspectives plus larges, il s’agit dans ces situations de ne pas se faire complètement gruger. Il existe pourtant quelques exemples de luttes qui ont réussi à faire reculer le patronat : Ford à Bordeaux, la SBFM à Lorient, Wagon à Douai…C’est sur ces acquis que peuvent s’appuyer les luttes en cours, chez Philips, Goodyear ou Total. À aucun moment, les directions des confédérations syndicales ne se sont appuyées sur ces victoires pour aller vers une coordination, une généralisation des batailles. La CGT par exemple se concentre sur l’obtention de droits nouveaux pour les salariés et des États généraux de l’industrie, tout en continuant à rencontrer le gouvernement pour élaborer des calendriers de négociations. Cette politique revient à laisser les mains libres aux licencieurs et à leurs collaborateurs. Elle conduit un certain nombre de salariés à se poser la question de la reprise de leur entreprise. Ils tentent de mettre en place des sociétés coopératives de production (Scop), afin de se donner les moyens de garder un emploi. Face à la cupidité et parfois l’incompétence, il apparaît possible que la gestion d’une entreprise par les salariés eux-mêmes soit tout à la fois plus efficace et profondément humaine. Mais cette forme d’autogestion peut conduire rapidement à s’imposer des conditions de travail plus dures, des cadences plus soutenues et des principes de gestion qui diffèrent peu des autres entreprises. Dans cette situation contradictoire, il faut s’appuyer sur l’ensemble des luttes en cours pour mettre à l’ordre du jour la sortie du capitalisme et de son système d’exploitation quotidienne. Pour surmonter les premiers obstacles, le NPA met toute son énergie pour soutenir la convergence des entreprises en lutte. Cette unité pratique est une nécessité vitale pour poser la question de l’emploi à l’échelle de l’ensemble de la société. Et elle doit permettre, face à la l’orientation de « dialogue social » développée par la plupart des directions syndicales, de préparer le nécessaire affrontement avec le patronat pour lui arracher le contrôle de l’économie et de nos vies. Face au gaspillage capitaliste, elle pose la question de la nationalisation des entreprises en difficulté, mais sous le contrôle des salariés. Qu’il s’agisse de Total, de Sanofi ou de l’automobile, des plus petites au plus grosses boîtes, pas un salarié ne doit se retrouver à la porte. Ce processus d’expropriation des capitalistes doit être le prélude à la réorganisation de l’économie pour la satisfaction des besoins sociaux et écologiques ! Henri Clément