Publié le Vendredi 7 juin 2013 à 23h24.

« La souffrance au travail à la mairie de Saint-Denis est une réalité »

Entretien. « Service social… en grève ! ». Percus, sirène, ils et elles sont une trentaine devant la mairie de Saint-Denis (93). Le service social débraye, à l'appel de Sud CT, comme tous les « vendredis de la colère » depuis le 25 mars (cf. Tout est à nous ! n°195). Entretien avec une salariée syndiquée Sud pour raconter le désarroi d'un service dirigé par de hauts fonctionnaires… dans une mairie Front de gauche.D'où vient cette mobilisation ?La directrice des solidarités et du développement social, depuis 2006, considère que notre service nuit à la visibilité de l'action qu’elle veut faire porter au centre communal d'action sociale (CCAS). Elle veut nous rendre au conseil général (CG), pour économiser les 3 % budgétaires demandés à chaque direction. Ce service est une compétence du CG, mais Saint-Denis, comme beaucoup de mairies communistes, l'a conservé pour la mise en œuvre de sa politique sociale.La directrice est en désaccord avec cette orientation municipale très forte. N'arrivant pas à convaincre les éluEs, elle met à mal et discrédite cadres, assistantes sociales, secrétaires, et alimente les tensions inter-services. Ce qui a tout déclenché, c'est notamment le départ de notre chef de service, épuisé.Qu'en disent les éluEs ?La réponse du maire, Didier Paillard, a été : « je soutiens la directrice, votre mouvement est violent »… Tout ça parce qu'on a tapé un peu sur des portes. Les pratiques managériales de la directrice continuent car la mairie lui apporte toute son « estime professionnelle ». Elle leur vend du rêve : elle crée des services, des coquilles vides. Les chevilles ouvrières, ce sont les assistantes sociales, au cœur de la protection de l’enfance, qui accueillent la misère, les femmes victimes de violence, les familles pour prévenir les expulsions… La réponse du maire est d’un grand mépris. Les éluEs sont sourds et muets. Ceux qui nous rencontrent pour nous soutenir ne devraient pas laisser perdurer tout cela. La souffrance au travail à la mairie de Saint-Denis est une réalité ! Nous refusons le management à la France-Télécom.Quand la mairie vote un rapport d’orientation stipulant l’importance de s’appuyer sur un personnel mobilisé, de l'associer à la réflexion en amont des décisions, c'est la théorie. Dans la pratique, on vote des rapports sans nous concerter et on fait intervenir des cabinets extérieurs coûteux, des audits pour nous restructurer…Comment se passe le mouvement ?On est mobilisé à 99,9 %. Contrairement au CCAS, où la souffrance se traduit par un absentéisme, dans notre service, ce serait plutôt du présentéisme. La déception est réelle depuis deux mois, les collègues s'épuisent mais la mobilisation continue.Notre première revendication, c’est l'arrêt du soutien de la mairie à la DG, la reconnaissance de la souffrance au travail. C’est à cette condition que l’on pourra envisager une sortie de crise. Lors de la prochaine rencontre, si le maire lui renouvelle son soutien, je pense qu’il n’y aura même pas de réunion, ça s’arrêtera là…« La DG, si tu savais… tes méthodes, tes méthodes… ». Il est midi, la table est dressée, le « pique-nique de la colère » peut commencer. Propos recueillis par Tanguy Denis