Publié le Mercredi 22 avril 2009 à 23h12.

Le conflit de ERDF et GRDF dans la Haute Garonne et l’ Ariège.

Un coup dur , « un nouveau coup d’épée dans l’eau » disent les syndicalistes de ERDF ; » le tribunal n’a pas exigé la restitution des véhicules bleus se trouvant sur le site de Tarascon sur Ariège.

Fillon qui a multiplié ces derniers jours les mises en garde contre les occupations et les séquestrations a en quelque sorte donné l’ordre aux forces de police d intervenir contre les salariés. Au diable les commissions rogatoires . La bataille juridique qu’a engagé le gouvernement pour retirer au personnel l’usage des véhicules est le moyen stratégique pour limiter la portée de la grève, réduire a néant les coupures ciblées… Au delà de la volonté de briser la résistance du personnel démonstration est faite que B. Hortefeux, ministre du travail et des « relations sociales » cautionne ces suppressions d’emplois. *

Le soutien commence à s’organiser et doit prendre de l’ampleur dans les jours à venir. Les militant e s du NPA de Toulouse, Foix et Auch ont effectué des visites régulières sur les piquets de grève. A Foix c’est le président de la région Midi Pyrénées et les élus (PS) qui ont apporté le soutien. Le PC est également présent.

Au moment où nous écrivons les salariés occupent la Direction Régionale. Si la direction semble vouloir ouvrir des négociations, mais elle n’ arien écrit quant au retrait du projet, rien sur les sanctions qui sont laissées à, l’appréciation des directeurs d’unités. Les premières convocations pour entretien auront lieu le mardi . Rien n’est réglé.

Nous avons interrogé Marc Courdes responsable de la CGT.

1-Depuis quand la grève a commencé? Quelles sont les revendications, quelle est la plate forme revendicative ?

Ce mouvement a commencé le 26 mars à Toulouse. L’organisation syndicale CGT a pris connaissance, en Midi Pyrénées, de projets de réorganisation des entreprises et les a diffusés aux personnels. Ces documents, tenus secrets par les directions, s’ils étaient mis en œuvre, conduiraient à un vaste plan social.
Le mouvement s’est construit tout d’abord en réaction à ce plan qui provoquerait une baisse de 500 emplois soit près de 15% des effectifs dans les trois prochaines années. Mais les salariés, au delà du retrait qui est exigé, ont déposé leurs cahiers revendicatifs pour gagner de nouveaux acquis pour le service public.
Très vite cette action s’est propagée sur le territoire national à la faveur de la plateforme revendicative issue des cinq fédérations syndicales qui rythme, depuis le 19 mars, le mouvement par des appels à l’action une à deux fois par semaine. Cette plateforme revendicative commune porte sur les salaires, l’emploi et les moyens pour le service public.

2-Cette grève a-t-elle un lien avec la privatisation ?
Oui bien sûr. Le capital n’en a jamais assez ! Le processus est connu. La première phase a consisté, une fois les directives européennes transposées par le gouvernement Jospin, à libéraliser et éclater les entreprises du le secteur. La seconde, conduite par Sarkozy alors ministre de l’industrie, a modifié le statut juridique pour permettre au capital privé de s’accaparer de juteux dividende.
Les filiales ERDF et GRDF sont des monopoles naturels d’acheminement de l’énergie au travers des lignes électriques ou des conduites de gaz. Or ces infrastructures de réseau appartiennent aux collectivités. Elles sont donc pour l’instant difficiles à privatiser frontalement d’où l’idée de transférer partiellement les activités au privé.

3-Comment est organisée la grève ? Les AG, les modes d'action, les actions radicales ?

Les salariés se sont inscrits dans un cadre d’arrêts de travail reconductibles. L’activité se construit autour des piquets de grève sur quelques sites de travail avec une présence 24h/24h depuis maintenant de 3 semaines. Au delà des débats au quotidien, des A.G centralisées ont lieu à minima deux fois par semaine dans les départements en lutte.
Les modes d’actions sont votés en A.G.,.une partie des « véhicules bleus » est sous le contrôle des personnels afin de médiatiser le mouvement et de peser sur le rapport de force interne. Les opérations Robin des Bois s’effectuent au jour le jour. Certains départements ont pu effectuer des basculements en heures creuses. Les coupures sont maîtrisées et effectuées avec parcimonie.

4-Quels sont les rapports dans l'intersyndicale ? Va-t-on vers un appel à la grève reconductible dans le secteur ?
Le mouvement étant placé sous la responsabilité des salariés en lutte, l’intersyndicale tient pour l’instant même si elle a commencé à se lézarder, notamment dans une autre entreprise de la branche où CFDT et CGC se sont retirées.,Le souci de la CGT de maintenir l’unité à tout prix, le durcissement des Directions (les sanctions disciplinaires commencent à tomber) et l’état de mobilisation très inégal sur le territoire rendent la perspective d’un appel à la grève reconductible assez improbable.

5-Comment avez vous contourné les référés ?
Le premier référé concernant le site de Foix est tombé le jeudi 16 avril pour comparution le vendredi 17. La direction demandait l’évacuation du site la restitution des véhicules et la libération de l’outil informatique. Nous avons rassemblé le personnel et décidé d’évacuer le centre et déplacer les véhicules sur un autre centre du département. Le juge a constaté l’évacuation du site et n’a pris aucune décision sur les véhicules étant donné qu’il n’y en avait plus !! Un deuxième référé est tombé le 21 et concerne un site toulousain. Là aussi nous avons procédé à l’évacuation du centre et au déplacement des véhicules. Nous verrons jeudi comment la direction va réagir. Toujours est il que le ton monte

5-Y a t'il une volonté parmi le personnel de faire une jonction avec d'autres secteurs en lutte ?
Elle n’est guère perceptible pour l’instant…