Le 20 mai, Bruno Le Maire déclarait : « Le volet social, c’est 50% de la dépense, dire que l’on va réduire la dépense publique sans rien toucher aux aides sociales, ce ne serait pas cohérent, ce ne serait pas juste ni lucide. »
Cette annonce brutale a eu un certain retentissement dans les médias et n’allait pas améliorer l’image de Macron que ses communicants s’efforcent de peaufiner. Le Monde affirme que l’Élysée a demandé de tempérer les propos du ministre : il ne fallait pas, selon la présidente LREM de la commission des Affaires sociales au Parlement, « accréditer l’idée que le président de la République est le président des riches ».
Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, est monté au créneau pour expliquer que le gouvernement ne toucherait pas aux aides sociales individualisées. C’est un leurre car ces aides sont délivrées de façon ponctuelle et exceptionnelle par un organisme social (CPAM ou CAF) après accord d’une commission spécifique. Il a par ailleurs conforté les propos de Le Maire en rappelant qu’il « faut faire des réformes importantes dans le domaine social car il y a évidemment des économies à faire ».
Des politiques sociales à la charité
Il n’y a rien de nouveau dans cette politique : ses modalités sont préparées dans le cadre de CAP 22 (Comité action publique 2022), des commissions composées de représentants de la haute bourgeoisie chargées de préparer la destruction de toutes les politiques sociales. Des dizaines de prestations et d’aides sociales concernant la santé, la famille, les retraites, le chômage, les pauvres, les personnes handicapées, les agriculteurEs, les étudiantEs… sont dans le collimateur du gouvernement. Il envisage de les rogner, sous couvert d’harmonisation et de simplification, en créant « un guichet unique », ce qui conduirait à terme à la destruction des diverses institutions sociales, Sécu, Pôle emploi, centres d’action sociale territoriaux…
À la question « Vous entendez ce que va dire l’opposition : après les propositions pour les plus riches, on va baisser les aides sociales », Le Maire répond qu’à partir du moment où des emplois ont été créés, « nous ne sommes pas condamnés à compenser les inégalités par toujours plus de dépenses publiques, toujours plus d’impôts pour les contribuables », alors que selon l’Insee au premier trimestre 2018, pour l’ensemble des catégories, le nombre de chômeurEs dans la France entière atteint 6 592 100 personnes contre 6 627 100 personnes au trimestre précédent, soit une baisse de 0,5 % !
L’annonce du gouvernement d’une « baisse des aides publiques aux entreprises qui pourrait atteindre jusqu’à cinq milliards d’euros » est également un mensonge car d’autres cadeaux faramineux sont programmés : l’impôt sur les sociétés va diminuer de 22,3 % d’ici à 2022, le CICE sera pérennisé en 2019 sous forme de nouvelle diminution de la part patronale des cotisations sociales et la suppression du forfait social sur l’intéressement et la participation incitera les employeurs à privilégier l’intéressement et la participation au détriment du salaire et diminuera encore plus les recettes de la Sécurité sociale.
S. Bernard