Chaque année, des milliers d’adolescents fuyant seuls leur pays, sans aide parentale ni soutien financier, arrivent en France. La loi, qui les regroupe sous le label « mineurs isolés étrangers » (MIE), prévoit leur prise en charge par l’État : logement, santé, éducation, etc.
Ces droits ont même été réaffirmés par la circulaire Taubira du 31 mai 2013 qui stipule que : « Le conseil général du lieu où le jeune se déclarant mineur isolé étranger a été repéré ou s’est présenté, l’accueille pendant les 5 jours de l’accueil provisoire d’urgence prévu à l’article L.223-2 du code de l’action sociale et des familles. Si au terme du même délai, la situation du jeune n’est toujours pas clarifiée, la circulaire prévoit le maintien de la mesure de placement dans son lieu de placement initial jusqu’à l’issue de l’évaluation. »
Pourtant, à Paris, ce sont environ 250 jeunes recensés, mineurs, isolés et étrangers en âge d’être scolarisés qui sont en danger, car ils vivent à la rue ou dans des hébergements temporaires inadaptés. Ils ont fui leurs pays soumis aux guerres impérialistes, aux pillages économiques et se retrouvent tout simplement abandonnés, sans solution d’hébergement. Pour se nourrir, ils sont obligés de se reposer sur des initiatives associatives.
Ils se sont inscrits auprès de la PAOMIE (Permanence d’accueil et d’orientation des mineurs isolés étrangers) en vue d’une admission à l’ASE (Aide sociale à l’enfance). Or, on s’aperçoit sur le terrain que, pour la plupart des jeunes, cette inscription n’a ouvert aucune prise en charge ou reconnaissance de leur situation. Ils ne bénéficient pas d’une « mise à l’abri » et les délais pour les entretiens qu’ils doivent passer en vue d’établir leur âge sont interminables. Ainsi, certains attendent depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sans que la présomption de minorité ne leur soit appliquée. Parmi ces jeunes, environ une quarantaine sont scolarisés dans les lycées parisiens…
Que dire aussi des pratiques honteuses comme le recours par l’ASE aux tests osseux pour déterminer l’âge des jeunes ? Ces tests, inventés au départ pour détecter des retards de croissance d’enfants dont on connaît l’âge, sont utilisés pour soi-disant établir un âge… Ils ont notamment été mis en cause par plusieurs instances : dès 2005, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en soulignait « l’inadaptation ». Mais c’est surtout un outil pour exclure des jeunes migrants des dispositifs d’aide !
La Ville de Paris doit les loger !
Face à la mobilisation ayant entraîné l’occupation d’un gymnase début décembre, la mairie de Paris à mis en place une solution d’urgence en ouvrant un gymnase d’une capacité de 55 places : un nombre insuffisant et ne répondant pas aux besoins fondamentaux de ces jeunes (santé, éducation, vie courante). Pourtant selon Dominique Versini, adjointe à la maire en charge de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion à Paris, « pour tous les jeunes (environ 60), des solutions d’hébergement ont été trouvées dans l’urgence ». Un mensonge, car rien qu’en comptant les jeunes scolarisés, ils ne sont pas moins d’une quarantaine à vivre actuellement dans la rue !
À l’heure ou le gouvernement apporte sur un plateau 30 milliards d’euros au Medef avec son Pacte de compétitivité, l’argument budgétaire n’est pas recevable. Et si des jeunes dorment à la rue ou dans des conditions précaires, c’est bien la conséquence d’un choix politique de la part du conseil de Paris. Si l’État est capable d’héberger en quelques heures 15 000 personnes lors d’une tempête de neige, comme cela a été le cas en décembre dernier en Savoie, la Ville de Paris peut sans difficulté loger ces jeunes, d’autant plus que les lieux d’hébergement existent : 130 000 logements sont vides sur Paris !
Il faut intensifier la lutte et faire en sorte de créer un rapport de forces amenant à la prise en charge et à la protection de tout mineur isolé – logement, scolarisation, santé –, l’interdiction des tests osseux, ainsi que la régularisation des jeunes une fois majeurs.
F.B.