Publié le Mercredi 10 janvier 2018 à 17h47.

Répression : Philippe Poutou à la recherche de l’immunité ouvrière

Le facteur a sonné une deuxième fois chez Philippe Poutou et deux de ses camarades de la CGT Ford Blanquefort. Ou plutôt l’huissier, pour présenter une convocation devant le tribunal correctionnel de Paris le lundi 15 janvier à 9 heures. Une convocation qui fait suite au pourvoi en appel des syndicalistes, condamnés en juin dernier.

L'« affaire » remonte à 2012, lorsque 300 salariéEs et soutiens avaient manifesté au sein du Mondial de l’automobile à Paris, une tradition depuis quelques années. Ce jour-là, ils et elles avaient envahi le stand de Ford, avec jets de confettis et pose d’autocollants. 

On en était resté là lorsque, en avril 2016, quatre d’entre eux ont été convoqués au commissariat de police de Bordeaux pour « violences et dégradations commises en 2012 et 2014 au stand du Salon de l’Auto à Paris ». Et, en juin, c’est par lettre recommandée que les quatre militants recevaient une ordonnance pénale leur signifiant leur condamnation à 231 euros d’amende pour trois d’entre eux et 431 euros pour celui qui était considéré comme le meneur. Des condamnations sévères car il s’agit bien d’un délit, et pas d’une contravention. Un délit qui resterait inscrit dans le casier judiciaire…

Présumés coupables

En réalité, ni Ford ni personne n’a apporté de preuve de dégradation. On sait au contraire, d’expérience, que quelques minutes après le passage des manifestantEs sur le stand, celui-ci est complètement nettoyé, les voitures impeccables, pas de trace d’outrage… Pourtant, dans leur plainte, les dirigeants de la multinationale parlent d’un capot de voiture légèrement enfoncé, mais les photos ne sont pas du tout démonstratives et surtout la réparation aurait été effectuée six mois après les faits... Enfin, les plaignants n’apportent aucune preuve pour identifier qui, précisément, aurait pu faire ces dégradations. Mais, pour cette justice de classe, le bénéfice du doute est toujours au profit du patron.

Bien sûr, tout cela n’a rien avoir avec l’inlassable bataille que mènent Philippe et la CGT de Ford pour la sauvegarde de l’emploi à Ford Blanquefort. Récemment ils faisaient condamner Ford pour non respect de ses engagements en matière de maintien d’emploi. Rancuniers ?

En fait la situation est la même qu’à PSA où liquidation d’emplois répétées et répression contre les militants vont de pair. Ce mardi 9 janvier la CGT de Ford Blanquefort était reçue à Bercy pour tenter de convaincre le ministère et le gouvernement de prendre une initiative pour peser sur les choix de Ford. Pas sûr que cela suffise…

L’urgence de la riposte

Face à cette double offensive sociale et répressive il est plus qu’urgent de réagir. D’un côté les employeurs se saisissent de l’aubaine que constitue la procédure rupture conventionnelle collective. De l’autre, les poursuites engagées contre les militantEs syndicaux chez PSA, à La Poste, chez Ford, contre celles et ceux qui soutiennent les migrantEs… marquent la volonté du patronat appuyé sur le gouvernement de faire taire toute revendication, d’empêcher toute mobilisation. Les deux combats doivent se mener de front. L’unité la plus large est une nécessité absolue, une urgence.

Robert Pelletier