Le 18 juin, le Collectif des livreurs autonomes de plateformes (CLAP) organisait un rassemblement place de la République à Paris suite à plusieurs agressions racistes de livreurEs ces dernières semaines ; l’occasion pour ces travailleurEs, en première ligne pendant le covid, de libérer leur parole.
Traités d’esclaves, roués de coups ou victimes d’insultes négrophobes : pour la cinquantaine de livreurs d’origine africaine présents, ce rassemblement, fortement médiatisé, a permis de révéler au grand jour les discriminations qu’ils subissent au quotidien et qui viennent s’ajouter à des conditions de travail éprouvantes.
L’ubérisation, un esclavagisme 2.0 ?
Les plateformes qui les emploient, à commencer par UberEats qui a promis l’installation d’un bouton anti-discrimination, ont bon dos de s’indigner, elles qui prospèrent sur l’exploitation forcenée de ces travailleurEs, pour beaucoup sans papiers comme à Frichti, poursuivi aux prud’hommes par une centaine d’entre eux le 3 décembre prochain (cf. l’Anticapitaliste n°527).
En faisant travailler les livreurEs quand elles veulent, au prix qu’elles fixent unilatéralement et en les remerciant sans plus de forme, comment les plateformes peuvent-elles s’étonner des réactions racistes de certains clientEs et restaurateurs considérant les livreurs comme des esclaves ?
Dans un sursaut de dignité qui ne demande qu’à s’élargir (un nouveau rendez-vous a été donné sur la place de la République le 18 juillet prochain, toujours à 15 h), les livreurEs sont bien décidés à s’organiser pour se soutenir mutuellement en cas d’agression, là où la majorité, par la voix de la ministre et candidate aux régionales Marlène Schiappa, ne leur propose... qu’une salle de pause !