Sur le tarmac de l’ancien aéroport de Quimper (29) à Pluguffan s’est installé le « Tek’West », une fête gigantesque avec plus de 10 000 participantEs, malgré un temps épouvantable, et ce, pendant tout le long week-end de Pâques.
Comme un pied de nez aux promoteurs de l’avion et du kérosène, le choix de ce lieu fait suite à la fermeture de l’activité de l’aéroport, fruit d’une lutte dénonçant son inutilité et son impact écologique. Il ne contient désormais qu’un modeste aéro-club qui n’a subi aucun dommage.
Du son plutôt que des avions
Alors même que ces anciennes pistes permettaient l’installation des murs de son sans trop de problèmes, la préfecture du Finistère a immédiatement décrété que ce rassemblement était illégal, faisant fi des milliers de jeunes se rassemblant et pour certainEs exprimant clairement leur refus des violences policières et des interdictions.
Dès le samedi, le dispositif policier par des contrôles, chicanes et check-points sur les routes conduisant à l’aéroport a tout fait, en vain, pour empêcher l’afflux impressionnant de toutes et tous les teufeurEs.
Malgré cette présence policière, des milliers de jeunes et moins jeunes, dont nombre de participantEs des alentours, ont contourné les divers barrages pour accéder au tarmac et au teknival.
Bruit, nuisances et répression
Alors certes, les murs de son ont fait trembler le voisinage et la quiétude des riverainEs déshabituéEs du bruit depuis que les avions ne les survolent plus…
Alors certes, des témoins rouspètent contre des jeunes étant passés par leur jardin pour accéder à la fête, mais au-delà, et selon les propos mêmes du maire de Pluguffan, il n’y a pas eu d’incidents majeurs ni de comportements « délictueux ».
Et pourtant, sans être empêchéEs physiquement d’aller sur place, les teufeurEs ont subi une répression financière particulièrement forte.
L’ensemble des festivalierEs ont écopé chacun et chacune de 135 euros d’amende ainsi que 135 euros pour chaque véhicule. La somme vertigineuse atteint 1,7 million d’euros, sans compter les 340 m3 de matériel (sono, éclairage…) saisis et les « 68 personnes auditionnées pour organisation ou complicité d’organisation d’un rassemblement illégal ».
Dégradations et hypocrisie
Selon la Préfecture et la CCI (Chambre de commerce et de l’industrie), le montant des dégradations est évalué à 130·000 euros (plus de 10 fois moins que les amendes récoltées). Les principales dégradations sont les portails et grillages qui empêchaient l’accès libre au tarmac.
On peut sans peine imaginer que si le rassemblement n’avait pas été frappé d’illégalité et l’accès laissé libre aux festivalierEs et au matériel, les dégradations auraient été bien moindres.
En s’entêtant à interdire de tels rassemblements, festifs et gratuits, particulièrement nombreux en Bretagne, les autorités préfectorales et le gouvernement ne font que stigmatiser un monde musical et une jeunesse qui ne s’arrêtera pas là et qui comprend fort bien les régressions en cours et la répression omniprésente. Ainsi que le dénonçait non sans humour l’un des étendards de la « Tek’West » : « La police peut nuire à vous et à vos proches ». Fin momentanée de l’épisode… jusqu’au prochain.
NPA Cornouailles