Suite à notre dossier publié dans l'Anticapitaliste n°219 (http://www.npa2009.org/node/39792), nous avons reçu ce courrier. N’hésitez pas, vous aussi, à prendre la plume, la souris, ou ce que vous voudrez pour nous écrire.
On ne peut que se réjouir que des représentants de courants différents de la gauche s’opposent au discours sécuritaire dominant et cherchent les moyens de le combattre. Mais la contribution de François Delapierre est paradoxale. En ne traitant que de la police, il concourt à faire de l’insécurité une question… principalement policière, ce qui est le fondement du discours sécuritaire. Cela l’amène à penser que la solution aux problèmes d’insécurité est dans une réforme de la police passant notamment par un accroissement de ses effectifs.Son postulat est que la police est indispensable au peuple. C’est ce postulat qu’il faut interroger. N’est-ce pas parce que l’ordre social est inégalitaire et injuste envers une majorité de la population qu’il y a besoin d’une force spécifique pour l’imposer ? Contre qui cette force s’exerce-t-elle alors si ce n’est ceux et celles qui sont dominéEs, exploitéEs et discriminéEs ?Puisqu’il s’agit au premier chef de maintenir un système injuste, de contrôler les classes populaires, des Noirs et des Arabes, de poursuivre les jeunes, de réprimer les manifestantEs, comment imaginer que les flics, même « de gauche » ou « humanistes », ne soient pas tous pris dans un moule réactionnaire, raciste, machiste, antisocial ? Les crimes policiers ne sont pas des accidents, ils sont le prolongement de toute la logique policière.
L’histoire a démontré à de nombreuses reprises cette nature profondément réactionnaire des policiers notamment en France : après tout, la police de Vichy, c’étaient les policiers du Front populaire ! La police qui a tué des centaines d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961 était la police qui avait pourtant été purgée à la Libération…L’insécurité sociale n’a pas seulement créé de la misère. Elle a atomisé les individus, favorisé l’indifférence et la bataille de chacun contre tous. Prôner le développement des effectifs policiers c’est non seulement nier l’expérience de la violence policière, c’est aussi développer l’idée que ce qui se passe dans nos quartiers n’est pas de notre responsabilité. Reconstruire la solidarité et les liens sociaux détruits, rompre l’atomisation et l’indifférence, passe par des luttes collectives pour les services publics, pour l’égalité des droits, contre les licenciements… et contre les violences policières.
D.G.