Plusieurs milliers de personnes dans les rues de Paris le 30 mai. Plusieurs dizaines de milliers devant le TGI, toujours à Paris, le 2 juin. Malgré les interdictions prononcées par le préfet Lallement, les manifestantEs contre le racisme et les violences policières n’ont pas renoncé et ont fait la démonstration, comme cela a été le cas dans plusieurs autres villes ces dernières semaines, que la meilleure réponse aux interdictions de manifester était… le nombre de manifestantEs.
Le gouvernement pensait-il sérieusement qu’à l’heure de la réouverture des parcs et des centres commerciaux, nous allions nous soumettre à ces interdictions hautement politiques, destinées à contenir la colère sociale que le confinement avait temporairement fait disparaître des rues ? La preuve est faite que la timidité des grandes organisations du mouvement ouvrier, au nom du respect d’un « état d’urgence sanitaire » qui n’a de sanitaire que le nom, doit être dépassée, et que la fin du confinement de nos libertés est plus que jamais à l’ordre du jour.
Face à la crise majeure qui s’annonce, avec des conséquences économiques et sociales qui menacent d’être désastreuses, le gouvernement a fait le choix d’apporter son soutien aux plus riches et aux grandes entreprises, poussant jusqu’à la caricature la politique mise en œuvre depuis l’élection de Macron. Il poursuit ainsi sa guerre contre les classes populaires et compte, pour la mener, sur un arsenal juridique toujours plus répressif et liberticide, et sur la pleine mobilisation des forces de l’ordre établi.
Les manifestations contre le racisme et les violences policières qui se sont tenues ces derniers jours malgré les interdictions sont, à ce titre, une double épine dans le pied du pouvoir, puisqu’elles expriment à la fois un refus des interdictions administratives et une contestation de l’ordre policier. Elles fragilisent le gouvernement en donnant l’exemple de ce qui est possible et en le plaçant dans une situation malaisée vis-à-vis des forces de police et de gendarmerie.
Il s’agit donc de les amplifier et, partout, en manifestant contre les licenciements ou en défense de l’hôpital public, de faire passer ce message sans ambiguïté au gouvernement : vous ne nous ferez pas taire, on ne se laissera pas faire, et la rue est à nous.