L'émeute de ce mardi 20 octobre à Moirans a montré une fois de plus l'hypocrisie de ceux et celles qui, multipliant les violences contre les plus pauvres, crient au scandale lorsque ces dernierEs se révoltent. Ici, contrairement à Air France, ce ne furent pas deux chemises les victimes d'une légitime colère, mais quelques carcasses de voitures piquées dans une casse. De quoi faire de belles images dramatiques pour les médias en quête de sensations. L'occasion surtout pour le gouvernement de rouler des mécaniques en annonçant une répression « implacable »...
Pourtant, la colère des émeutiers de Moirans est-elle injustifiée ? Un jeune, sans doute déliquant, est mis en prison au sortir du dramatique accident de voiture où il a été blessé et où viennent de mourir son frère et un cousin. La justice refuse à ce jeune le droit élémentaire (et affirmé par la loi) d'assister à l'enterrement de son frère trois jours plus tard. Sans aucune raison valable : ni risque d'évasion, ni de récidive. Juste par habitude d'arbitraire, de racisme et de mépris contre les pauvres. L'émeute qui s'en est suivie est issue d'une colère légitime. Tout comme la mutinerie en solidarité dans la prison d'Aiton est un acte remarquable et courageux.
Car à contrario des dirigeant/es politiques et grands médias, nous disons que la violence illégitime n'est pas la colère de celles et ceux qui s'insurgent. Elle est celle du système qui en est la cause. Ici, d'un système carcéral et judiciaire qui enferme, exclut et ôte dans la prison aux individu/es l'essentiel de leurs droits en les déshumanisant. Elle est aussi, cette violence, celle d'un Etat qui tape de plus en plus fort sur les faibles, tout en laissant les puissants dans l'impunité. Valls assure qu'il faudra être impitoyable contre les miséreux qui osent remettre en cause l'ordre républicain. Menaces de peines de 10 ans de prison pour les fauteurs de troubles, promesse de mettre tous les moyens en oeuvre pour les retrouver, déplacement forcé des mutins d'Aiton... Comme à Air France, c'est par toujours davantage de répression et de violence que Valls cherche à imposer son ordre. Histoire de réaffirmer, comme il le fait depuis plusieurs jours, chiffres à l'appui, qu'il est plus méchant et inflexible que Sarkozy... Et avec comme conséquence probable plus de révolte encore : une stratégie de la tension qui semble désormais la marque de fabrique de Hollande dans tous les domaines.