Votée en 2005, la loi pour l’accessibilité dans tous les lieux publics devait être appliquée en 2015. L’État avait accordé dix ans aux collectivités pour se mettre en conformité et permettre aux personnes handicapées d’accéder à une série d’établissements publics qui leur étaient jusque-là interdits de fait. Depuis des années, voyant approcher à grand pas l’échéance fixée au 1er janvier 2015, de nombreuses associations tirent la sonnette d’alarme, car de nombreuses mairies, écoles et transports ne sont toujours pas en mesure d’accueillir des personnes à mobilité réduite. Ainsi, seulement 40 % des établissements publics serait aujourd’hui en règle.
Et ce qui n’aurait pas dû arriver... est finalement arrivé : sénateurs et députés viennent d’adopter il y a quelques jours le report de la mise en accessibilité des lieux publics à trois, voire six ou neuf ans (!), selon les cas. Pas question de sanctionner, de faire payer voire de fermer, les récalcitrants et les retardataires...
Pour de nombreuses associations, cette mesure n’est qu’une manière de reculer pour mieux repousser le problème, des associations non entendues qui avaient pourtant appelé les parlementaires à ne pas ratifier cette « ordonnance de la honte » qui va « maintenir notre pays en queue de peloton des nations ayant ratifié la Convention internationale sur les droits des personnes handicapées ».
Les 12 millions de personnes concernées devront donc prendre leur mal en patience pour réaliser des déplacements simples du quotidien, se rendre dans un commerce ou dans un service public. Les politiques, qui ont de la « citoyenneté » plein la bouche, ont aussi la mémoire bien courte...