Publié le Vendredi 23 avril 2010 à 14h34.

Inégalités : la richesse côtoie la misère

Un récent rapport de l’Insee révèle que le fossé entre les très riches et les très pauvres s’est largement creusé ces dernières années. Un rapport de l’Insee, publié le 1er avril, sur l’évolution des revenus et des patrimoines des ménages, entre 2002 et 2007, pointe l’explosion du nombre des personnes les plus riches. 1 % de salariés perçoivent un salaire annuel de 215 000 euros, soit 16,5 fois le Smic. Surtout, le nombre de personnes qui empochent plus de 42 000 euros par mois a augmenté de 70 % : ils sont désormais 600 000. Les très riches cumulent tous les avantages. Ce sont eux qui voient leur salaire augmenter le plus vite ! Selon l’étude de Camille Landais, administrateur de l’Insee, entre 1998 et 2006, on observe une augmentation très forte de la progression des hauts revenus (42,6 %), contre une progression très modeste des revenus médians et moyens (4,6 %). Le salaire des top-managers explose, bondissant de 44 % en huit ans. La France rompt ainsi avec 30 ans de grande stabilité de la hiérarchie des salaires. L’enquête de Michel Amar, Les très hauts salaires du secteur privé, confirme la tendance : les très hauts salaires ont progressé de 5,8 % par an, soit 29 % en cinq ans. Alors que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (908 euros par mois) gonfle à 8 millions en 2007 (sans doute 10 millions aujourd’hui). Toujours selon l’Insee, les revenus du patrimoine ont progressé de 46 % et les revenus exceptionnels de 55 %. Quand on sait que 0,01 % de la population perçoit 32 % des revenus du patrimoine et 42 % des revenus exceptionnels, on voit tout de suite qui bénéficie du pactole. Au même moment, le nombre d’expulsions pour loyers impayés a bondi de 25 %, avec 105 000 expulsions en 2007. Les vols de nourriture dans les supermarchés ont explosé et la fracture énergétique touche trois millions de personnes. Enfin, le taux d’imposition des très riches est de 25 % : un chiffre dérisoire. Pendant les années Pompidou, le taux d’imposition des riches atteignait 60 %, sans que le capitalisme en souffre une seconde. Or, le bouclier fiscal permet de redonner à des gens déjà très très riches des chèques d’un million d’euros, ce qui ne les empêchent pas de partir à l’étranger. Car le bouclier fiscal, contrairement à sa justification initiale, n’a nullement empêché l’évasion des capitaux. Aujourd’hui, 75 % des Français demandent la suspension ou la suppression du bouclier fiscal, tant ce dispositif est scandaleux, contre performant et injustifiable. Brigitte Pascal, membre de la commission précarité