« Effacer » le racisme et les violences policières, faire disparaître leur dénonciation de l’espace public, voilà l’objectif de l’institution policière, incarné ces dernier jours par les gesticulations du syndicat Alliance, extrêmement à droite, contre une fresque à Stains (93) en hommage à Adama Traoré et George Floyd.
Mardi 22 juin, le syndicat Alliance appelait à manifester sur sa page Facebook, demandant « que cette phrase ("Contre le racisme et les violences policières") soit repeinte ou supprimée car elle stigmatise la Police Républicaine. » L’actualité est pourtant implacable : oui, l’institution policière est raciste et violente.
Et l’on pourrait ajouter sexiste, lorsque l’on voit les images de l’interpellation inacceptable d’une infirmière à la fin de la manifestation des hospitalierEs mardi 16 juin. Le jet de quelques cailloux en direction d’hommes caparaçonnés a déclenché le déchainement de quatre policiers « On m’a mise à terre et on m’a fait manger de la boue » racontait Farida à Mediapart quelques jours après, alors qu’elle portait la marque de plaies sur le crâne et de contusions au visage et sur tout le corps. Usage proportionné de la force ? Non, déchaînement de violences policières contre une femme qui s’appelle Farida.
Le 22 juin, plusieurs médias rendaient public l’enregistrement de l’agonie de Cédric Chouviat, asphyxié par un placage ventral après une clé d’étranglement, il a répété sept fois « J’étouffe ». Un écho poignant aux propos de sa femme Doria le 4 juin, après que la vidéo de George Floyd eut été rendue publique : « L'arrestation de Cédric aussi a été filmée. Je revois ses jambes qui s'agitent encore quand il est au sol et que des policiers le maintiennent face contre terre en s'appuyant sur lui. Cédric a connu la même souffrance que George Floyd. »
Alors oui la vérité est là, et on ne la fera pas disparaître. La manifestation de policiers (sur leur temps de service ?) peut obtenir d’un préfet la promesse de « mettre en demeure » le maire de Stains pour qu’il efface le mot « policières » sur une fresque. Mais en face, il y a la détermination de celles et ceux qui ne veulent plus subir. La mobilisation appelée par le Comité Adama a empêché que la manif des flics se tienne devant la fresque. Elle les a obligés à se rabattre sur l’effacement d’un mot. Pour la mémoire des victimes du racisme et des violences policières, pour la dignité des habitantEs des quartiers populaires : « Pas de justice, pas de paix ».