Publié le Lundi 20 février 2017 à 09h58.

Viol : Non à l’impunité !

L’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP) a publié mercredi 8 février une étude sur les victimes de viol.

Cette étude s’appuie sur l’enquête « Cadre de vie et sécurité », plus précisément sur un échantillon de 290 personnes ayant déclaré avoir été victimes d’un viol dans les deux années précédant l’enquête. Dans 84 % des cas, il s’agit de femmes.

La première information est l’isolement des victimes puisque près d’une victime sur cinq n’en parle à personne, pas même unE proche. Il apparaîtrait – la taille de l’échantillon ne permettant pas de certitude statistique – que cela est d’autant plus vrai lorsque l’agresseur est un membre de l’entourage. Cela est inquiétant quand on sait que la majorité des violences sexuelles est commise par des proches. Mais cela n’est malheureusement pas étonnant, les agresseurs n’étant pas forcément tout le temps de « grands méchants », mais des hommes qui peuvent être tout à fait charmants dans les autres circonstances de leur vie sociale. Et au-delà, un avis du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) d’octobre 2016 démontrait surtout la tolérance sociale qui existe vis-à-vis des violences faites aux femmes (voir l’Anticapitaliste n° 360).

Une plainte sur 10 donne lieu à condamnation...

Deuxième information de cette étude, seules 19 % des victimes se sont rendues au commissariat ou à la gendarmerie… et 13 % ont déposé plainte. Pour quelles raisons les autres n’ont pas fait de telles démarches ? 66 % des victimes qui ne se sont déplacées ni à la gendarmerie ni à la police déclarent que cela ne sert à rien, 62 % affirmant vouloir éviter des épreuves supplémentaires. Dans ces cas, les démarches judiciaires se révèlent bien souvent de véritables parcours et n’aboutissent pas toujours à une condamnation (on estime qu’une plainte sur 10 donne lieu à condamnation). Le rapport du HCE d’octobre dernier insistait également sur la pratique consistant à considérer les faits comme violences sexuelles (un délit) et non comme viol (un crime) afin d’éviter les longs délais en Cour d’assises...

Dernière information, les victimes s’étant adressées à une association sont celles qui ont eu le plus d’interlocuteurs (médecin, psychologue, police ou gendarmerie). De quoi rappeler le rôle incontournable des associations dans l’accompagnement des victimes mais également dans la prévention des violences sexuelles. Or force est de constater que les moyens publics qui leur sont dédiés sont en baisse constante.

Il est plus que temps de rendre les violences faites aux femmes véritablement inacceptables. Cela passe par une lutte acharnée contre toute tentative de minimisation de ces faits, pour un accompagnement de qualité des victimes, et pour des moyens aux services publics et aux associations.

Abby Taro