Tenir une telle réunion dans une période de mouvement et avec des grèves à la SNCF qui restent significatives était un pari audacieux ! Mais c’est dans ces périodes d’activité importante que nous avons le plus besoin de confronter les points de vue, d’élaborer pour agir collectivement.
Si la participation les 1er et 2 avril était un peu en dessous de ce qu’on espérait (un peu plus de soixante participantEs), la qualité des débats était au rendez-vous, avec des camarades du privé et de différentes fonctions publiques et entreprises d’État, les secteurs du commerce, des déchets, les services, la métallurgie, la chimie, l’éducation, la territoriale, les transports, l’aéronautique, le ministère du Travail, les finances publiques, l’enseignement supérieur, l’Office national des forêts, le social, la santé, la culture.
Sur l’actuelle mobilisation
La première demi-journée a été consacrée à une mise en perspective de l’évolution du prolétariat, des formes de mobilisation, du nombre de journées de grève
qui permettent de mieux appréhender la période, les reculs de la conscience de classe et de comprendre les formes actuelles des mobilisations, les forces et faiblesses du mouvement en cours.
Les échanges ont ensuite porté sur nos propositions pour la mobilisation, notamment sur l’auto-organisation. Nous sommes conscientEs de devoir faire face non seulement à l’attentisme de la masse des salariéEs vis-à-vis de l’intersyndicale mais aussi au danger de construire des structures minoritaires qui se substitueraient à la réelle organisation des travailleurEs. Notre préoccupation, partagée par les militantEs, est d’éviter ces écueils pour favoriser au maximum les expériences d’auto-organisation et construire la mobilisation : assemblées générales de secteurs, réunions publiques, réunions interprofessionnelles
Des thèmes d’actualité
L’après-midi a été réservé à des ateliers thématiques. L’un d’entre eux visait à rappeler des éléments essentiels autour de la protection sociale et de ses différentes branches, contextualisant plus largement la bataille pour la défense des retraites et de leurs financements. Un autre était dédié à la casse de la fonction publique et aux conséquences sur les conditions de travail des agentEs. Un troisième était consacré à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles sur nos lieux de travail mais aussi au sein de nos organisations, syndicales en particulier. Enfin un quatrième atelier avait mis à l’ordre du jour un sujet d’une actualité urgente, celle du rapport entre industrie et écologie.
Les organisations syndicales
Le dimanche matin était consacré à la question syndicale. La présence de générations différentes a engagé à couvrir un large spectre de préoccupations : en quoi le syndicalisme est-il le premier outil de défense des intérêts des travailleurEs ? Comment doit-il participer à unifier notre classe sociale en luttant contre toutes les discriminations et oppressions racistes, sexistes, LGBTIphobes et défendre ainsi l’intérêt de touTEs ? Quelles sont les difficultés rencontrées dans les structures syndicales ? Et aussi, le problème des militantEs qui sont aspirés dans les appareils bureaucratiques, les tâches quotidiennes, les réunions interminables avec les directions, le dialogue social. Les tâches des syndicalistes sont immenses, que ce soit dans les boîtes, les services, les structures interprofessionnelles, etc. Il est donc nécessaire de faire des choix avec comme objectif principal la reconstruction de la conscience de classe et des outils organisationnels qui la structurent.
Après ce débat, nous avons pris le temps d’un compte rendu du 53e Congrès de la CGT qui venait de se terminer. Le déroulement du congrès, les rebondissements de la mise en place de la nouvelle direction, les débats qui ont eu lieu et ceux qui ont été empêchés, ont des implications pour l’ensemble des militantEs syndicaux.
Préparer les suites
Pour terminer, nous avons essayé de tracer des perspectives en tenant compte des évolutions du monde du travail : éclatement du salariat, précarisation, nouveaux modes de management, télétravail, etc. Les questions féministes, notamment la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, les questions écologiques percutent le mouvement ouvrier traditionnel, apportant des problématiques essentielles et profondément subversives. Les organisations syndicales ont des difficultés à les intégrer à leur histoire en raison des rapports de dominations qui les traversent, de leur positionnement qui reste pour une part productiviste et en tout cas modelé par la préoccupation de l’emploi
Les militantEs de notre courant, investiEs à la fois dans les organisations syndicales, écologiques et féministes ont un rôle important à jouer dans le dialogue à nouer entre ces différentes composantes, pour que ces questions soient pleinement prises en compte.
Enfin la question de l’auto-organisation, de l’auto-activité du prolétariat, est une question essentielle pour que la prise de conscience de notre force, de notre rôle avance. La lutte contre toute forme de délégation, en particulier aux bureaucraties syndicales, est liée à la possibilité de débats démocratiques à tous les niveaux, de l’assemblée générale des grévistes au Congrès confédéral de la CGT. La construction d’un courant militant, dans les syndicats mais aussi à la porte des entreprises par une apparition politique et des bulletins de boîte qui respectent les cadres d’auto-organisation, qui mènent les débats de manière démocratique, qui cherchent à convaincre de la nécessité et de la possibilité de transformer la société par un processus révolutionnaire est plus que jamais nécessaire !