Publié le Jeudi 7 janvier 2016 à 21h56.

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : 2016, l’année décisive

Le gouvernement menace d’entamer effectivement l’expulsion des occupants de la Zad, agriculteurEs historiques de Notre-Dame-des-Landes. Le NPA appelle, avec la Coordination des opposants et d’autres composantes de la lutte, à une mobilisation ce samedi 9 janvier sur le périphérique de Nantes, et dans les autres villes le 9 ou le 16 janvier.

Depuis l’automne, le gouvernement a lancé des appels d’offres pour des travaux sur la Zad. Et Le 30 décembre, les agriculteurEs de Notre-Dame-des-Landes ont été assignés en « référé expulsion » pour ce 13 janvier. Vinci demande l’expulsion immédiate des habitantEs, avec une astreinte financière de 200 à 1000 euros par jour, avec mise sous séquestre des biens et cheptels. C’est donc par la pression financière sur ses occupantEs historiques que le gouvernement tente de commencer à vider la Zad.

Un avis d’expulsion politique

C’est qu’il ne reste guère de temps au gouvernement et à Vinci pour procéder aux expulsions : il leur faut entamer les travaux avant la fin de la déclaration d’utilité publique, donc vider la Zad avant le printemps 2016 car ensuite il sera trop tard dans l’année pour « déménager » les espèces protégées. Et en 2017, année d’élection présidentielle, tout cela sera difficilement envisageable pour un PS qui lorgnera vers les votes écologistes de tout poil.

Mais cela, c’est sans compter que les agriculteurEs visés ont grandi, vécu, travaillé toute leur vie avec la menace du projet d’aéroport et comptent 40 ans de lutte derrière eux. Ils et elles ont refusé les indemnités de l’État, convaincus de l’ineptie du projet. « J’ai dit que je voulais bien partir si l’utilité publique du projet d’aéroport était démontrée d’une manière complètement indépendante. En attendant, je reste ! Dois-je présenter cela comme la dernière volonté d’une condamnée à mort pour être entendue ? », déclare Sylvie, paysanne...

A court d’arguments, il flingue

Une « utilité publique » largement mise en pièces. Le gouvernement, la droite et le patronat sont à court d’arguments, quand les opposants en produisent sans cesse de nouveaux : l’apparition d’espèces protégées oubliées des études officielles, de nouvelles études de réhabilitation de l’aéroport actuel, et un « J’accuse » contre les grands commis de l’État qui dissimulent encore des rapports officiels.

Avec l’état d’urgence, Valls le va-t-en-guerre, Valls l’incendiaire, comptait étouffer toute contestation. Peine perdue ! Avec « Cap sur la COP »1, nous avons manifesté en convoi de tracteurs et vélos jusqu’à Paris, cela malgré les menaces policières. Nous avons défilé à Nantes lors de la COP21 malgré les interdictions, et contre l’état d’urgence lui-même.

Le 9 janvier et après...

Ce samedi, les opposantEs bloqueront le périphérique de Nantes pour contraindre le gouvernement à renoncer aux expulsions et plus largement à ce projet inutile, dévoreur de fonds publics et climaticide. D’autres manifestations, très diverses, suivront le 16 janvier, à Rennes et dans d’autres villes. Les militantEs du NPA y participeront avec le vaste réseau de solidarité des comités de soutien contre l’aéroport.

Mais le gouvernement dispose bien d’une réelle fenêtre de tir. Dans le climat sécuritaire ambiant, nul doute qu’il tentera, à son heure, une intervention policière sur la Zad. La séquence qui s’ouvre est donc décisive. Nous y sommes prêts.

Sandra Cormier et Bertrand Achel