Cela peut paraitre étrange de parler élections alors que nous nous trouvons en pleine mobilisation sociale. Et pourtant... À moins de deux mois des municipales, nous venons de nous lancer dans la campagne à Bordeaux.
Certes, notre conférence de presse a eu lieu le 24 janvier, jour de grève nationale, juste avant d’aller manifester. Il était important justement de faire le lien entre la bataille actuelle contre la réforme des retraites et ce que nous voulons exprimer dans ces élections. Et aussi parce que c’est bien cette situation sociale inédite qui a permis de faire « Bordeaux en luttes ».
« TouTEs ensemble » ?
La succession des manifestations, des actions diverses de blocages ou autres, a fait que nous, militantEs NPA, avons côtoyé plus régulièrement des militantEs d’autres organisations politiques, syndicales et associatives. À force de crier « Tous ensemble » et de défendre la nécessité de convergence, avec la radicalisation ambiante des esprits, cela a influé sur la préparation des municipales.
Plutôt que de partir comme habituellement, chacun de son côté, nous étions quelques-unEs à nous dire que ce serait dommage de ne pas regrouper quelques forces militantes, en vérifiant que nous pouvions dire les mêmes choses ensemble, mettre en avant un « programme » politique contestataire et anticapitaliste.
Un collectif nommé Bordeaux debout, comprenant principalement des militantEs de La France insoumise et de Ensemble avait commencé, dès octobre, à proposer au NPA une discussion sur l’éventualité d’une liste commune. Même si cela faisait débat chez eux, touTEs n’étant pas forcément unanimes sur cette option.
Mais cela a fait aussi débat, logiquement, au sein du NPA. Des camarades étant tout simplement hostiles à faire campagne avec LFI, quel que soit le programme, d’autant plus que la tête de liste proposée par Bordeaux Debout est Philippe Poutou, l’un des porte-parole du NPA. De quoi perturber effectivement. Une discussion, difficile, entre les partisans d’une liste commune sur la base d’un accord politique et les tenants d’une liste NPA, allait donc durer un bon moment.
Un soutien important s’exprime déjà
Au bout, ce sont deux votes majoritaires, dans deux assemblées générales, des deux groupes militants, qui ont acté le choix d’une liste commune. Une décision prise sur la base d’un texte élaboré en commun, définissant un profil anticapitaliste, se revendiquant des luttes actuelles, mettant en avant la répartition des richesses, la nécessité d’une politique au service des classes populaires, une écologie radicale, la défense des emplois des services publics de proximité, la réquisition des logements vides, la gratuité des transports en commun, la démocratie directe dans les quartiers, dénonçant aussi la répression policière du mouvement social vécue lors du mouvement des Gilets jaunes à Bordeaux, comme dans les quartiers populaires…
Il nous reste tout à faire, construire la liste, mettre en place un fonctionnement collectif et démocratique, entrainer et regrouper les milieux militantEs associatifs, syndicalistes, Gilets jaunes, celles et ceux qui militent et combattent au quotidien. Au-delà des élections, nous aimerions ainsi aider à reconstruire un cadre militant plus large, qui permettrait de redonner confiance, dans la continuité de ce qui se passe dans la rue actuellement.
Avec une liste qui regroupe notamment LFI et NPA, en plus avec une figure nationale, cela fait deux raisons de ne pas passer inaperçu. Et cela a eu un écho dans les médias comme dans la population car un soutien important s’exprime déjà.
Alors nous espérons faire du bruit dans cette campagne et puis, durant les six années qui suivent, si nous arrivons à obtenir des éluEs (ce qui serait un exploit). L’objectif est de bousculer la routine de ces élections, en commençant par contrer les trois principaux candidats, qui sont tous libéraux, plus ou moins conservateurs et réactionnaires, un de droite, un macronien (donc de droite) et un prétendu écolo qui veut se faire passer pour quelqu’un de gauche. Enfin, nous souhaitons convaincre que pour changer la donne, nous n’avons que notre auto-organisation et nos luttes, et que c’est en faisant de la politique nous-mêmes qui nous y arriverons.