Publié le Samedi 17 avril 2010 à 14h08.

Quartiers populaires marseillais : petit bilan électoral

Dans les quartiers populaires aussi, les résultats du NPA sont globalement décevants. Ils sont surtout en forte baisse par rapport aux élections européennes. Néanmoins, si ces scores ne sont pas bons, ils nous permettent d’analyser avec justesse les retombées électorales de notre intervention. Le constat est clair : à quelques rares exceptions, nos scores ont chuté dans les quartiers où nous ne sommes pas encore présents (largement inférieurs aux résultats des élections européenne). À l’inverse, dans la dizaine de quartiers où nous sommes implantés, les scores sont très honorables et même, pour beaucoup, en hausse par rapport aux européennes. Ce sont d’ailleurs les meilleurs scores que nous ayons obtenus dans la région. Pour exemple, à la Busserine, nos scores passent de 11,7 % à 14,6 %, à la Simiane de 8,9 % à près de 15 %, aux Flamants, ils passent de 6,9 % à 9,4 %... Plus remarquable encore, dans cinq ou six quartiers, nous sommes la deuxième force politique. Loin derrière le PS, mais devant l’UMP, les Verts, le Front de gauche et même le FN. Dans les quartiers où nous intervenons régulièrement, mais sans être réellement implantés, les scores se tassent, mais ne s’effondrent pas (à Arenc Bacchas, on passe de 11,4 % à 6,1 %, à Frais Vallon de 8,8 % à 6,3 %, à la Maurelle de 9,5 % à 6,9 %...). Enfin, dans les quartiers où nous ne sommes pas encore, nos scores s’effondrent (à la Marie, on passe de 8,3 % à 4,4 %, au Chatelier de 7,6 % à 1,3 %, aux Bourely de 7,6 % à 3,7 %, à la Viste de 8,7 % à 3 %...).On peut d’ores et déjà tirer le bilan que si la campagne médiatique n’a pas permis d’augmenter nos scores, voire les a fait baisser, là où nous avons pu défendre notre programme, ils restent très positifs. Le constat est sévère, mais le message est clair, chiffres à l’appui, la seule preuve de notre présence dans les quartiers, c’est… notre présence dans les quartiers. Quelles sont les raisons de notre implantation dans certains quartiers populaires (QP) marseillais ? Nous ne pouvons pas tirer de notre expérience une généralité ou la base d’un modèle militant de « conquête » de l’électorat populaire, mais nous pouvons à coup sûr remettre au goût du jour le militantisme de proximité pour ne pas dire de promiscuité. Nous nous sommes aperçus que l’électorat des QP est particulièrement méfiant à l’égard des politiques, mais au final nous y rencontrons beaucoup de gens d’une grande acuité d’analyse politique, même si cette analyse, aussi pertinente soit-elle, reste confinée au niveau de la sphère individuelle. Notre rôle dans beaucoup de ces rencontres a été d’initier l’amorce d’une réflexion collective. De toute façon, notre action politique sur ce terrain ne peut se faire que dans le soutien pratique et indéfectible de tous les foyers de lutte, que les revendications portent sur le logement, l’emploi, l’éducation ou la santé… Face au clientélisme qui tend à briser les chaînes de solidarité, nous n’avons eu de cesse de soutenir au maximum nos « relais » dans ces quartiers, et là où notre présence militante a pris corps, nous avons obtenu nos meilleurs résultats sans faire acte de prosélytisme. Tout n’est pas encore fixé mais nous pensons que la simple implication de nos militants dans ces quartiers fait sauter (progressivement) le verrou de la défiance et du repli communautaire. Au final il faut être présent sur le long terme et faire en sorte de gagner la confiance de nos concitoyens des QP pour qu’au-delà de l’étiquette politique, ils nous reconnaissent comme étant des leurs. C’est déjà le cas mais, bizarrement, être encarté ou arriver avec des tracts politiques nous rend immédiatement « suspects » et « extérieurs » qui tend les relations de prime abord. Avec le temps, notre implication et notre soutien aux différentes luttes porte ses fruits parce que nos camarades de lutte finissent par admettre que nous ne sommes pas là pour récupérer leurs voix, mais vraiment parce que nous souhaitons que les choses changent dans ces quartiers et c’est souvent à ce moment précis que notre engagement anticapitaliste prend tout son relief dans l’esprit de nos « relais » et dans celui des gens qui vont « spontanément » voter pour nous. L’équation « capitalisme = oppression », donc « anticapitalisme = libération » devient plus facile à faire passer et, avec un travail de terrain continuel, une conscience sociale et politique progressera dans les QP. Dans l’absolu il n’y a rien de nouveau sous le soleil et nous ne prétendons pas avoir inventé la poudre, mais notre intime conviction est que les QP doivent être politiquement labourés par notre présence. Nous avons tout à prouver et, comme toute relation basée sur le respect mutuel et la reconnaissance réciproque, le chantier qui s’ouvre devant nous est gigantesque, le travail harassant et parfois désespérant, mais au final passionnant. Il est le seul capable de lutter contre le travail de sape démocratique entrepris par le PS et l’UMP. Commission Quartiers populaires 13