Publié le Samedi 7 avril 2012 à 22h59.

Tribune de la Gauche anticapitaliste. Battre Sarkozy dans la rue et dans les urnes

À trois semaines de l’élection présidentielle, la défaite de Sarkozy est probable, mais reste incertaine, tant Hollande est incapable de donner une véritable perspective alternative à celle de la droite. Alors que c’est sûrement l’élection la plus importante depuis 1981, la campagne entre l’UMP et le PS démobilise et l’abstention, en particulier dans les couches populaires, risque d’augmenter. En campagne pour sauver sa place, Sarkozy se présente comme le seul à disposer de l’expérience nécessaire pour « piloter le navire en pleine tempête », comme l’homme d’une droite dure, sécuritaire, raciste et xénophobe, défenseur d’une Europe « forteresse » pour draguer les voix du FN. Le « candidat du peuple » a cependant du mal à faire oublier le « Président des riches ». Alors que son bilan, catastrophique pour la majorité de la population, est puissamment rejeté, Sarkozy tente de retourner la campagne en profitant des attaques antisémites de Toulouse, comme l’avait fait Bush avec sa politique sécuritaire et raciste, après les attentats du 11 septembre. Son projet est dans la continuité de son action, totalement nocif.

En face, la stratégie de Hollande reste basée uniquement sur le rejet de Sarkozy. Le problème de fond du PS est qu’il accepte la logique économique actuelle et se propose de « donner un sens à l’austérité », comme l’ont fait Papandréou en Grèce ou Zappatero en Espagne. La seule réponse face à l’ampleur de la crise mondiale, sans précédent depuis 1929, est de poursuivre l’intégration au marché européen avec la concurrence internationale, la baisse des salaires directs et indirects (services publics, retraites…), ce qu’a fait Schröder en Allemagne il y a dix ans. Hollande se place sur le même terrain du sécuritaire (qui a déjà fait perdre la gauche en 2002) et est inaudible.

Il existe un réel décalage entre l’électorat du PS, qui est plus à gauche, et son candidat. Hollande tente de le capter avec des mesures symboliques fortes : impôts à 75 %, 60 000 postes dans l’éducation, mais il s’essouffle vite car lorsqu’on regarde en détail, ces mesures se transforment en mesurettes cosmétiques. Cela se traduit également par l’émergence d’une candidature forte à la gauche du PS avec Mélenchon.L’enjeu du premier est de renforcer le vote pour la gauche indépendante du PS, qui ne soutiendra pas un gouvernement d’austérité, fût-elle « de gauche ». Cela ne pourra que renforcer le camp des luttes sociales à venir. C’est bien pour cela que nous ne devons pas non plus rester spectateur du second. La victoire de Sarkozy serait une défaite importante pour tous ceux qui luttent depuis les grandes grèves de décembre 1995. Elle serait comparable à la victoire de Thatcher, en 1986 après la défaite de la grève des mineurs, qui avait enfoncé la classe ouvrière pendant des années.

Au contraire, une défaite de Sarkozy sera un encouragement pour tous ceux qui résistent. Même si elle n’est qu’électorale (comme en 2005 lors de la victoire du Non), une défaite du candidat des riches aura des conséquences importantes. Face à la crise, elle mettra en évidence qu’il y a deux lignes de conduite à gauche. Hollande et ses alliés, annoncés ou éventuels, capituleront face aux marchés. Afin de ne pas laisser le terrain à l’extrême droite, la gauche qui refuse l’austérité devra montrer sa capacité à s’unir et prendre des initiatives afin de refuser la dictature des marchés, construire un rassemblement unitaire anticrise.

On ne peut qu’être inquiet à ce propos des positions prises par le NPA lors du dernier CPN. Il a refusé de définir une consigne de vote sur le second tour, renvoyant cette question au comité de campagne le soir du premier. La GA avait quant à elle proposé au vote une motion appelant à « battre Sarkozy dans la rue et dans les urnes ».

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