Publié le Dimanche 11 décembre 2011 à 18h06.

Tribune de la Gauche anticapitaliste. Crise en Europe : proposer une alternative

Sarkozy et Merkel se préparent à redessiner le paysage européen en pleine crise de l’Union et de la zone euro. La crise mondiale avait révélé les contradictions de la construction européenne, en particulier le développement inégal entre les États exportateurs du centre et les États périphériques. Les pseudo-solutions avancées démontrent à présent le caractère antidémocratique de l’Union européenne.

Élu sur un programme de gauche, Georgios Papandréou a appliqué à la lettre les instructions de la troïka et laissé la Grèce exsangue. Loukas Papadémos, ancien numéro 2 de la BCE, prend sa relève afin de poursuivre sa basse besogne. En Italie, après l’adoption de deux plans d’austérité totalisant 60 milliards d’euros d’économies, Silvio Berlusconi est remplacé par le « gouvernement technique » de Mario Monti. Cet ancien commissaire européen à la concurrence, et conseiller de la banque Goldman Sachs, vient d’annoncer un plan de 24 milliards d’euros d’économies et une restriction du droit à la retraite. La nomination à la tête de la BCE de Mario Draghi, ex-directeur de Goldman Sachs Europe ayant trempé dans le maquillage des comptes publics grecs, vient compléter ce sinistre tableau d’une Europe qui s’est depuis si longtemps livrée à la finance qu’elle ne s’en cache même plus.

Les réactions à l’annonce faite par Papandréou de la tenue d’un référendum, pour ou contre le plan Merkel-Sarkozy du 26 octobre, ont été particulièrement édifiantes. Nicolas Sarkozy s’est empressé d’affirmer que s’il y avait un référendum, celui-ci ne pourrait être que « oui ou non à l’euro ». Comme à l’époque de la campagne sur le TCE, les avocats du libéralisme se réfugient derrière un pseudo-débat entre « européens » et « eurosceptiques ». Il est dommage que la direction du NPA ait minimisé l’importance de cet épisode, lorsqu’il fallait au contraire se saisir de l’occasion pour mettre en lumière les reculs démocratiques actuels.

Après avoir organisé la dépendance des États vis-à-vis des marchés financiers et placé plusieurs peuples sous tutelle, les dirigeants européens veulent généraliser cette régression démocratique. Après la politique monétaire, c’est le budget que l’on veut soustraire aux parlements nationaux pour le confier à des institutions qui n’ont pas été élues.

Devant le Bundestag, Merkel a expliqué que la crise est « une chance » de réformer l’Europe. Le projet qu’elle porte avec Sarkozy est pétri de contradictions. Sur le fond, l’austérité a fait la preuve de son inefficacité à stopper la crise. En outre, la bourgeoisie européenne n’est pas unifiée : à de nombreux égards (déficit extérieur, faiblesse industrielle, taux de profit moindre), la France ne fait pas partie du centre de l’Europe. Enfin, le rythme du politique entre en contradiction avec la rapidité de la crise économique : pour les États les taux d’intérêt montent trop vite, pour les banques les dévalorisations sont trop soudaines pour organiser un délestage progressif des créances douteuses.

Le seul résultat du projet Merkel-Sarkozy sera d’accroître la souffrance des peuples et de favoriser un peu plus la montée de l’extrême droite. Il est donc urgent de proposer une alternative à l’échelle européenne avec l’ensemble des organisations de la gauche antilibérale et anticapitaliste. Les campagnes contre les plans d’austérité, les mobilisations pour l’audit des dettes publiques, les initiatives des IndignéEs, sont autant de points d’appui pour un mouvement d’ensemble et la construction d’un bloc de gauche anticrise. Pour, par exemple, l’harmonisation sociale et fiscale  un salaire minimum et un taux effectif minimum d’imposition dans chaque pays.

 

http://www.gauche-antica…

Image retirée.