Publié le Samedi 28 janvier 2012 à 18h38.

Tribune de la Gauche anticapitaliste. Faire un premier bilan de la campagne Poutou

Les membres de la Gauche anticapitaliste se sont opposés aux choix majoritaires en ce qui concerne la présidentielle, parce qu’ils sont le reflet d’un projet politique rétréci, isolationniste, opposé à celui que nous défendons.

Force est de constater que la campagne elle-même en est désormais aussi le reflet.

Dans un contexte marqué par l’approfondissement des crises, le NPA devrait affirmer clairement sa volonté de battre Sarkozy dans la rue et dans les urnes, et agir dès aujourd’hui pour favoriser les convergences entre les forces antilibérales et anticapitalistes, dans la perspective d’un bloc anticrise prêt à combattre les politiques d’austérité quel que soit le gouvernement qui les applique.

ChacunE constate évidemment les difficultés de la campagne du NPA. Tous les signaux l’indiquent, des sondages à l’affluence dans les meetings, en passant par l’incapacité à rassembler et relancer le NPA (et ce bien au-delà de la GA). Elles ne sont pas liées à un déficit de notoriété mais à des raisons politiques de fond.La réponse faite par Philippe Poutou aux journalistes de Mediapart qui lui demandent en quoi la candidature du NPA se distingue de celle de LO révèle la vérité toute nue : « Ça peut friser l’absurde, vu de l’extérieur. Sur le fond, on dit la même chose […] » Le NPA en est réduit à tenter de disputer les 1 ou 2 % qui restent à se répartir avec LO, à coups de slogans tout faits et de surenchère pseudo radicale. La campagne n’a pas de fonctionnalité politique, donc pas d’audience, ce qui nous affaiblit du point de vue même de nos capacités à diffuser nos idées.

Les formules alambiquées et variables concernant la droite et Sarkozy reflètent les divergences au sein de la majorité du NPA et peuvent laisser penser qu’au final on ne donnera pas de consigne de vote. En second lieu, la campagne ne porte aucun discours se situant sur le terrain du rassemblement : tout vise à établir des frontières étanches et pérennes avec l’ensemble des autres forces à gauche de la gauche et notamment le Front de Gauche, alors qu’il faudrait souligner les convergences avec la campagne que mène Mélenchon et porter le fer sur la question du rapport au PS (et notamment sur l’absence de réponse du PCF, partenaire privilégié du PG), tout en critiquant les relents cocardiers. Troisièmement, le NPA ne porte pas un discours cohérent en termes de réponses à la crise. Outre que les questions complexes sont en général esquivées, l’essentiel du discours revient à dire que la seule solution est le renversement du système/du capitalisme, et la nécessité que les masses prennent leurs affaires en mains. Exit le patient travail de crédibilisation d’une extrême gauche parvenue à sortir du propagandisme pur. Pas non plus de vrai développement sur la question du féminisme ou de l’écosocialisme, qui sont pourtant des thèmes fondamentaux de notre orientation. 

Enfin, nous considérons qu’il ne faudrait pas ajouter l’aventure financière à l’aventure politique. Ce pari engage l’avenir politique du NPA, puisqu’il risque de handicaper la présence du NPA aux législatives, qui, faut-il le rappeler, sont seules en mesure d’assurer l’indépendance financière du NPA entre 2012 et 2017. De notre point de vue, au regard des éléments développés plus haut, le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Nous ne sommes pas condamnés à la marginalité et à l’isolement. Les réussites de la campagne dette, dans laquelle les militantEs de la GA jouent un rôle moteur, mais aussi la largeur de l’arc de forces impliqué dans la réunion unitaire du 11 février le démontrent. Ce sont autant de jalons pour la constitution d’un bloc anticrise.