Publié le Vendredi 1 juin 2012 à 18h42.

Tribune de la Gauche anticapitaliste. Solidarité avec le peuple grec, soutien à Syriza

Depuis plus de deux ans, la Grèce sert de laboratoire à la Troïka. La population a vu ses droits s’émietter, les baisses de salaire peuvent atteindre 50 %, le taux de chômage est passé de 15 % à 22 % en 2011. Des millions de Grecs n’ont plus de sécurité sociale. Les soupes populaires ou les invasions de supermarché tendent à devenir le quotidien. L’État grec n’assure plus ses missions de base. Néanmoins, une poignée de privilégiés tire son épingle du jeu : ni l’Église, ni les armateurs, ni les marchands d’armes n’ont participé à l’ « effort national », alors qu’ils profitent des privatisations, de la vente du patrimoine et de l’appropriation des communs et de la nature. Les grèves, les luttes massives, le mouvement des places ou les expériences d’autogestion ont vite pris le pas sur la résignation. Mais le sentiment de repli et de xénophobie dont se nourrit le fascisme n’a pas été enrayé pour autant. Le Pasok (membre du Parti socialiste européen) et les conservateurs de Nouvelle Démocratie n’ont pas hésité à gouverner plusieurs mois avec le Laos, parti d’extrême droite.

Après avoir accepté toutes les instructions de la Troïka, le Premier ministre Papandréou avait évoqué à l’automne dernier la possibilité de tenir un référendum pour ou contre le plan Merkel-Sarkozy. Les chantages anti démocratiques se sont multipliés, aucun référendum n’a eu lieu et la Grèce a été gouvernée par l’ancien numéro 2 de la BCE.

Le 6 mai 2012, les électeurs ont enfin pu s’exprimer sur les politiques mises en œuvre depuis deux ans. Le résultat est sans appel : la politique du Pasok et de Nouvelle Démocratie a été très durement sanctionnée, de sorte qu’il n’existe plus de majorité parlementaire pour faire appliquer l’austérité exigée par la Troïka. Autre enseignement : la chute du parti d’extrême droite qui avait participé au gouvernement s’est accompagnée d’une montée des néonazis, passés de 0,2 % à 7 %. Les fascistes sévissent sur le terrain et représentent un danger réel. À gauche, la coalition de gauche radicale Syriza arrivée en deuxième position (16,8 %), et même en tête dans les grandes villes et chez les actifs, structure le débat.

Avec ses propositions centrées autour de la redistribution des richesses, de l’abrogation des lois contre les travailleurs, de la nationalisation des banques, d’un audit de la dette publique et d’un moratoire sur le paiement de la dette, Syriza a su convaincre, tout en menant une bataille en faveur de l’unité.

Mais Syriza n’est pas et ne veut pas être seulement une force électorale. Ancrée dans les luttes, elle a tout de suite proposé un front entre la « politique » et la « rue »  pour pouvoir imposer la politique antiaustérité.

Le 17 juin aura lieu un nouveau scrutin dans lequel Syriza dispute désormais la première place à la droite (Nouvelle Démocratie). Les dirigeants capitalistes européens tentent d’influencer le scrutin, se réfugiant. derrière un pseudo-débat « pour ou contre l’Europe » afin d’éviter tout débat sur le contenu de celle-ci.

Il est absolument nécessaire de soutenir le sursaut qui a lieu en Grèce. Cela signifie concrètement construire les luttes contre les plans d’austérité européens, s’inscrire dans la campagne européenne pour un audit citoyen de la dette, avec exigence d’un moratoire immédiat pour les pays étranglés par les marchés financiers. Il faut faire émerger rapidement une coordination de ces luttes afin que le peuple grec ne soit pas seul, et participer à des fronts politiques larges, pour la mise en place de politiques alternatives à l’austérité. En Grèce, un tel front, autour de Syriza, est aujourd’hui en situation de jouer un rôle historique. Il faut mesurer l’enjeu que cela représente, et lui assurer toute notre solidarité.