Publié le Mercredi 10 avril 2024 à 09h59.

Le RN, en défense des entreprises françaises, socle de la puissance française

La campagne européenne de Bardella multiplie les signes vers les entrepreneurs... dont de nombreux secteurs n’ont pas de raison de le préférer à Macron. Son souhait de fédérer les « partisans de la puissance » est un net appel au patronat français. Au-delà sa démagogie électorale, le RN met en œuvre une stratégie de désarmement des classes populaires, où la collaboration de classe est cimentée par la xénophobie.

 

Le RN déporte la question du salaire socialisé, notion inconnue à l’extrême droite, vers le pouvoir d’achat, par des allègements de la TVA et des charges patronales. Rappel incessant du programme de Marine Le Pen, ce mantra est érigé contre l’augmentation du SMIC, qui « pourrait entraîner la fermeture de certaines entreprises ». La hausse des revenus répond aux attentes populaires que perçoit le RN. Il en fait autre chose qu’une question de répartition des richesses. Il s’agit de « redonner du sens au travail » et « [d’inciter] les gens à travailler ». Le RN ne voit pas « quels critères pourraient s’appliquer pour juger de la qualité ou non d’un emploi » vers lequel est accompagné le chômeurE. Il préfère s’intéresser à son « employabilité » et mettre l’accent sur les « besoins [...] des entreprises qui recrutent ». Voilà qui donne du sens au travail.

Le mantra du pouvoir d’achat

Il n’est pas facile de réconcilier travail et capital. Le RN se prend régulièrement les pieds dans le tapis. Tout en bataillant contre les formes de conditionnalité du RSA et en considérant les difficultés liées à la mobilité ou à l’illectronisme, le RN demande la suppression immédiate, pure et simple, des allocations en cas de manquement aux engagements sans se soucier d’aucune procédure contradictoire. Dans son obsession sécuritaire, le RN va jusqu’à la suppression du RSA pour les condamnés à « une peine, comme auteur ou complice, d’un délit puni d’au moins deux ans d’emprisonnement ». Une double peine revendiquée, alors que le RN alerte sur la « détresse palpable » des personnes privées du RSA.

Minimisant la substitution des salaires par les primes, induite par la loi sur le partage de la valeur qu’il vote, le RN argumente d’un simple « manque à gagner » pour justifier les exonérations sociales supplémentaires. Généreux dans sa conception de la valeur, il propose de la partager par extension de la prime Macron aux chefs d’entreprises de moins de 250 salariéEs. Enfin, le RN vante les plans d’épargne retraite entreprise. « C’est effectivement de la retraite par capitalisation, mais c’est un plus ». Pour renforcer la confiance des salariéEs dans leur entreprise, le RN propose de « rendre le pouvoir à l’actionnariat salarié et aux épargnants populaires ». Et pour « [oxygéner] le dialogue social », le RN souhaite « libéraliser la représentation (syndicale) ». La recettes de la réconciliation du travail et du capital est plus claire !

La préférence nationale

Lorsque Jean-Philippe Tanguy, récent transfuge, s’emballe pour « libérer l’économie réelle de l’économie financière, (...) sortir du capitalisme de connivence », on croit lire la revue « d’étude nationale » du FN, Identité. Son numéro consacré à « réhabiliter le social » proposait en 1990 que les moyens ne se fondent pas « sur la lutte des classes, génératrice de haine et de division, mais sur le sentiment de solidarité entre les différentes couches de la nation ». Dans Éléments (la revue de la Nouvelle Droite), Marine Le Pen voit dans la lutte des classes, une « vision mesquine, envieuse et ­finalement ­conflictuelle de la vie », incompatible avec « la conception fraternelle (...) de la communauté nationale ». En matière de conception fraternelle, le RN n’a pas de leçons à donner. Car il est un domaine où le RN avance sans louvoyer : la priorité nationale. Exclusion des travailleurEs étrangerEs des élections professionnelles, préférence nationale à l’embauche, économies miraculeuses par la lutte contre l’immigration. Tout l’édifice tient sur ce pilier. Quand l’esprit se souvient, la flamme se maintient.