C’est pour tenter de dévoyer l’aspiration à une démocratie directe portée par le combat prolongé des Gilets jaunes que l’idée d’une assemblée de « citoyenEs ordinaires » tirés au sort avait été lancée par Macron au printemps 2019. L’objectif était de les faire plancher sur « l’urgence écologique dans un esprit de justice sociale », encadrés et coachés par des « experts » et par le président lui-même.
Alors que les Gilets jaunes clamaient Fin du monde, fins de mois, même combat, Macron pensait avoir trouvé le moyen de restaurer son image d’un pouvoir actif contre le dérèglement climatique.
La CCC au travail (octobre 2019 – juin 2020)
Face à la défiance générale vis-à-vis des institutions et des élus, le tirage au sort des membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) était un vrai pari, prenant en compte, à cette étape, l’exigence de « l’écoute du terrain ». La CCC a ainsi travaillé neuf mois durant sur six week-ends. Avec discussions en groupe, en plénière, avec des exposés d’experts, des auditions d’associations… avec aussi la présence régulière, appuyée, de ministres, de Macron lui-même, de grands entrepreneurs. Mais au total, dans un cadre très strict, un gros travail a été fourni dans l’objectif de « réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030 ».
Les 150 propositions de la CCC (juin)
La CCC a remis ses propositions au moment où la pandémie s’étendait sur la planète. S’il est difficile de dégager une cohérence d’ensemble des propositions de niveaux et d’ampleur très variables, elles n’en sont pas moins pertinentes pour l’essentiel d’entre elles. Discutables sans doute, mais justement base de discussion possible. À noter l’absence importante du nucléaire, thématique censurée.
Projet de loi sur le climat (12 février 2021)
Dès l’exposé des motifs, les pendules sont remises à l’heure : cette loi sera « complémentaire du plan France Relance ». Deux exemples sont emblématiques de cette quadrature du cercle : atteindre les objectifs de 2030 puis décarbonation totale à l’horizon 2050… tout en relançant l’avion et la voiture. Dans les deux secteurs, des milliards sont offerts aux constructeurs, les suppressions massives d’emplois sont programmées et les propositions de la CCC sont piétinées. La taxe de 4 % sur les dividendes, les 110 km/h sur autoroute et la suppression des lignes intérieures, hop, à la poubelle ! Et tout le reste du projet est à l’avenant : des propositions sont reprises très partiellement, de manière très différée, sans contrainte avec le prétexte que « l’écologie punitive, c’est contre-productif » !
La Convention sanctionne le projet de loi (26-28 février)
En produisant par visioconférence leur évaluation du travail parlementaire de reprise de leurs propositions, 119 citoyenEs ont créé un événement. Ils et elles ont collé une note de 3,3/10 au pouvoir. Un cinglant désaveu pour LREM. L’opération d’enfumage a lamentablement échoué : le mépris, les propositions ignorées, rejetées, dénaturées, ça suffit ! La Convention a beaucoup appris, et vite semble-t-il. C’est tout le sens de cette évaluation/sanction et de l’appel lancé à une marche pour une vraie loi climat, le 28 mars, veille de l’entrée du texte de loi à l’Assemblée nationale. Une très bonne nouvelle pour toutes celles et ceux qui souhaitent de toute urgence une réelle rupture écologique.
Vers un référendum ?
La marge de manœuvre du gouvernement, déjà reconnu coupable d’inaction climatique, se réduit beaucoup. La tenue d’un référendum sur la base de ce projet de loi d’ores et déjà disqualifié serait à haut risque pour lui. C’est le moment de relancer les mobilisations pour la justice sociale et climatique et de développer les propositions écosocialistes.