Les transports sont nécessaires en société. Mais la pertinence de leur usage, tout comme la dégradation des écosystèmes qu’ils induisent, diffèrent suivant leur nature.
Les transports motorisés courants, dégradants pour les écosystèmes, sont utilisés par le capitalisme globalisé pour le transport de marchandises courte ou longue distance (terre, mer, air), le tourisme de masse, mais aussi les déplacements pour le travail quotidien. Les bateaux de croisière, le fret et la pêche industrielle contribuent pour 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre mais pourraient atteindre 17 % en 2050 du fait d’une explosion du volume de marchandises transportées. La pollution de l’air induite est source d’importants problèmes de santé. La pêche, le bruit, les fuites ou délestages des eaux de ballast, provoquent des ravages sur la faune aquatique. Enfin, la perte dans les eaux d’une moyenne de 15 000 conteneurs par an génère d’autres pollutions. Comme le souligne le déversement massif de billes en plastique sur la côte atlantique française.
Le transport aérien, le plus inégalitaire au monde, retrouve son niveau d’avant le Covid-19 et reçoit l’appui financier et politique des institutions et des pôles économiques. Le carnet de commandes d’Airbus est plein. Après avoir laissé les sous-traitants sur le carreau au plus dur de la crise sanitaire, l’entreprise réembauche. Du hublot, un monde à l’envers avec par exemple un hôpital à Nevers qui achemine des médecins par avion, par manque de personnel sur place. Au sol aussi. Le secteur des transports aériens représente autour de 5-6 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, avec une augmentation prévue de plus 4 % par an dès 2024. Difficile de remettre en cause un secteur « de pointe » qui est un symbole de l’élitisme, un géant du profit et où l’on parle sans cesse d’avion du futur. Le transport par avion répond à un seul but : « faire plus vite ». L’urgence est pourtant à la décroissance très rapide et à la reconversion accompagnée de la production et du personnel.
Le transport terrestre oscille entre appui au capitalisme globalisé et transports quotidiens, plus complexes à remettre en cause. Ce sont aussi toujours plus d’autoroutes et de camions, de sols détruits, toujours plus de SUV, et à présent les ZFE (zones à faibles émissions) qui condamnent les plus pauvres, sans réelle efficacité sur la qualité globale de l’air. L’urgence sur tous les territoires est au triptyque marche-vélo-transports en commun et au recul affiché du tout-routier, en développant des collectifs portant cette orientation, dans l’espace rural et urbain.