Le capitalisme valorise l’individualisme au détriment du collectif, survalorise la voiture en parvenant, à coups de matraquage publicitaire chèrement payé, à associer la voiture à un illusoire sentiment de liberté. Facile à utiliser, toujours prête, récupérant des standards esthétiques, voire les inventant, flattant l’égocentrisme, les stéréotypes sexistes et la rivalité, ce secteur représente un gisement de profits immenses, une rutilante poule aux œufs d’or. Le secteur automobile est à réorganiser — sans laisser sur le bord de la route les milliers de travailleurEs — et à reconvertir vers la production des transports collectifs.
Marche, vélo, métro, train, bus, covoiturage
Rien ne remplacera la souplesse d’utilisation de la voiture. Pourtant, il va falloir la laisser au garage au maximum. Globalement, 15 % des déplacements en voiture font moins de 500 mètres, 45 % font moins de 5 km : une marge de progression est donc possible. Il faut seulement donner les moyens de se déplacer autrement.
Inciter à la marche, en vanter les bienfaits sur la santé, sur le climat et le porte-monnaie. Le vélo retrouvera sa place de choix s’il est encouragé : pistes cyclables nombreuses et sécurisées, abris, compatibilité avec les transports en commun. Le vélo électrique a son utilité pour les plus longs trajets. Les efforts doivent porter sur le développement massif des transports en commun, bus, tram, train, métro, train léger, qui seront d’autant plus utilisés s’ils sont nombreux, cadencés, peu chers voire gratuits pour les déplacements du quotidien (travail, école, courses, santé, culture…). En campagne et en périphérie des villes, l’augmentation de lignes de bus, raccordées à des plateformes situées sur les axes importants, est essentielle.
Priorité au fret ferroviaire et fluvial
En 1950, deux tiers des marchandises étaient transportées par le rail. Des entreprises avaient même leur réseau spécifique, relié aux lignes ferroviaires principales, pour acheminer matériaux et biens divers. Sacrifié au profit du tout-routier, le fret ferroviaire ne représente plus que 9 % du transport de marchandises. Le train peut retrouver sa place privilégiée pour transporter les marchandises dont on a vraiment besoin. La réouverture des lignes ferrées fermées mais aussi la création de lignes supplémentaires doivent être une priorité.
Le fret fluvial, c’est 2 % du volume de marchandises transportées. Il est 4 à 5 fois moins émetteur de CO2, 4 fois moins cher que le camion, sur longues et moyennes distances. Une barge de 4 500 tonnes c’est 200 camions en moins sur la route. La Seine (40 % du trafic) est largement sous-utilisée et pourtant de nombreuses entreprises sont installées sur ses rives. Certaines disposaient il y a une dizaine d’années de quais de déchargement. C’est à reconstruire.
La relocalisation des productions et le rapprochement des lieux de consommation doivent permettre de diminuer le volume des transports.
Ni ZFE ni subvention à la voiture
Les zones à faibles émissions (ZFE) imposées en 2025, déjà mises en place dans certaines villes, interdisent la circulation des véhicules critère 4 et 5, achetés entre 1997 et 2005. Au prétexte de lutter contre la pollution de l’air, en particulier le dioxyde d’azote et les particules fines, responsables de maladies respiratoires et cardiovasculaires, des milliers de personnes ne pourront plus se rendre à leur travail, accéder aux hôpitaux, cinés, théâtres, lycées, facs… Inadmissible. La solution n’est pas de fournir des prêts à taux zéro et des aides pour racheter une voiture, souvent électrique. Ces prêts à rembourser seront une charge financière supplémentaire pour beaucoup. Des aides ? De l’argent public donc, pour faciliter l’achat de voitures, alors que la priorité est d’en réduire le nombre. L’argent public doit servir à révolutionner la politique des transports.