Publié le Dimanche 13 février 2022 à 13h00.

Qui décide de ce que nous mangeons ?

La filière alimentation est dominée par quelques gros acteurs : Bigard (Charal), Avril (Lesieur, Sanders, Diester…), Savéol, Tereos (Béghin-Say), Agrial (Soignon et 50 autres marques de fromage). Ce sont ces groupes et leurs actionnaires qui décident et orientent les choix d’ensemble. Ces choix généraux sont faits en lien étroit avec les politiques publiques mises en place à de nombreux niveaux, y compris au niveau supra-national, dans les instances de l’Union européenne. Le syndicalisme paysan majoritaire s’est complètement soumis à ces choix calamiteux : la FNSEA a accompagné, relayé, rendu possible la mise en place du productivisme agro-alimentaire.

L’objectif est de changer la donne

La gestion des caisses de la Sécurité sociale de 1946 à 1967 a été une première étape. C’est sa réussite sur des décennies qui a inspiré les militantEs portant l’idée d’une « Sécu de l’alimentation ». Une réussite macro-économique malgré les attaques continues dont le régime général est l’objet, et les tentatives ­permanentes pour le dénaturer.

La Sécurité sociale de l’alimentation est un bon levier pour s’attaquer au pouvoir des actionnaires. Parce qu’elle concerne tout le monde et nous est vitale, l’alimentation est un secteur tout indiqué pour mener cette offensive sociale.

La perspective d’ensemble proposée est celle ouverte par le régime général de la Sécurité sociale, celle d’une société où toute la valeur ajoutée est socialisée et reconnue comme résultant du travail de toutes et tous, où le profit est totalement délégitimé. C’est la perspective d’une société où les décisions relatives à « Qui produit quoi ? » et « Comment la valeur ajoutée est-elle distribuée ? » sont prises collectivement.

La Sécurité sociale de l’alimentation sera composée d’un réseau de caisse implantées à l’échelle des bassins de vie, en connexion les unes avec les autres, pour l’approvisionnement des productions qu’elles n’ont pas sur leur territoires et la distribution des surplus. Elles réuniront habitantEs et salariéEs des collectifs de travail conventionnés.

Aussi souvent que possible, la prise de décision se fera par participation directe. Pour la gestion des caisses, des personnes, désignées par tirage au sort pour un mandat unique, seront rémunérées pour le travail fourni et bénéficieront d’une formation.

La mise en place de critères de conventionnement sera incontournable afin de garantir le déploiement de la filière alimentaire conventionnée hors du système capitaliste productiviste et d’assurer une adaptation aux besoins territoriaux. Les entreprises seront composées de salariéEs copropriétaires d’usage de leur outil de travail et la valeur ajoutée créée sera socialisée puisque versée dans le budget de la Sécurité sociale.

Les caisses de Sécurité sociale de l’alimentation seront amenées à investir pour développer la filière.

La proposition est à visée internationaliste. Elle repose pour l’instant sur le modèle du régime général de la Sécurité sociale française. La vraie transformation ne pourra pourtant s’effectuer qu’à échelle supra-nationale. Nos luttes devront prendre cette dimension d’extension du système au-delà des frontières nationales.