Publié le Samedi 21 novembre 2015 à 09h04.

En France, des chiffres toujours édifiants

En ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il reste absolument nécessaire de rappeler que le sexisme et la patriarcat continuent à tuer.

En 2014, 134 femmes sont décédées en France tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Et tous les jours, nombre de violences sexistes et sexuelles sont commises à l’encontre des femmes, que ce soit à leur domicile par un proche, au travail par un chef ou un collègue ou encore dans la rue et les espaces publics.

Ces actes sont multiformes : violences sexuelles, violences physiques, humiliations, etc. Et ils ont des conséquences très concrètes, physiques et psychologiques. Ils ont aussi un effet très réel sur le quotidien de toutes les femmes, des femmes qui sortent seules moins que les hommes, étudient leurs trajets davantage en fonction des espaces qu’elles jugent sécures qu’en fonction du temps de déplacement, ou encore qui évitent d’utiliser les transports en commun à ­certaines heures.

Toutes les femmes devraient pouvoir se déplacer à leur guise ; s’habiller comme elles le souhaitent sans crainte du jugement, des remarques ou de l’atteinte à leur intégrité physique ; aimer qui elles souhaitent comme et quand elles le désirent ; ou encore refuser un rapport sexuel auquel elles ne consentent pas. En somme, elles devraient pouvoir disposer de leur liberté et de leur corps.

Des violences quotidiennes

Nous en sommes encore loin, et les chiffres existants, bien qu’encore trop partiels, montrent combien les violences de genre restent quotidiennes et ne sont pas malheureusement marginales. Chaque année, 216 000 femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex, 86 000 femmes sont victimes de viols ou tentatives de viol perpétrés dans 86 % des cas par un proche.

Selon une étude de l’IFOP réalisée en 2014 pour le Défenseur des droits, 28 % des femmes actives de 50 à 64 ans ont été confrontées à une situation de harcèlement sexuel au travail au cours de leur vie. Et quotidiennement, dans la rue ou dans les transports en commun, les femmes subissent des violences sexistes voire sexuelles : regards insistants, avances sexuelles, poursuites, main aux fesses, frottements, agressions, etc.

Contre la baisse des moyens aux services publics et associations qui accueillent les femmes victimes de violences, contre toutes les tentatives d’où qu’elles viennent de minimiser les violences subies par les femmes, contre les multiples reculades du gouvernement à mettre en place un minimum d’éducation antisexiste, notre lutte doit être sans concession ni relâche.

Abby Taro

FOCUS : Une campagne contre harcèlement dans les transports

Vous la verrez surtout à Paris et dans quelques autres grandes villes... Cette campagne gouvernementale contre le harcèlement dans les transports rappelle les peines encourues et incite les femmes à porter plainte.

C’est un premier pas dans la reconnaissance d’un phénomène jusqu’ici assez méconnu et tu. Il s’agit du fruit des mobilisations féministes, et d’une enquête produite  il y a un an par l’association Osez le féminisme qui avait alerté sur ce chiffre : 100 % des femmes seraient victimes de harcèlement dans les transports.

C’est aussi l’occasion de rappeler, puisque c’est apparemment nécessaire pour certains, qu’aucune tenue, aucun comportement, ne permet aux hommes de considérer une femme comme « disponible », ni dans l’espace public ni ailleurs...

FOCUS : C’est aussi au travail que ça se passe

D’après différentes enquêtes, près de 5 % des viols et 25 % des agressions sexuelles commis sur des femmes de 18 à 59 ans l’ont été sur le lieu de travail. Près d’une femme sur 3 est exposée à la tension au travail, ce qui est le cas d’un homme sur 5, quelle que soit la catégorie socio-professionnelle (l’écart étant plus important pour la catégorie ouvrierEs).

Mais ce qui est extrêmement grave et inquiétant, c’est que 95 % des victimes de violences sexistes au travail reçues par l’AVFT (Association contre les violences faites aux femmes au travail) ont perdu leur emploi, par licenciement ou démission !

Si les différentes lois votées récemment ont fait avancer les choses contre le harcèlement sexuel ou les violences conjugales, elles restent peu appliquées, en particulier car les femmes portent très peu plainte et que les condamnations sont rares.