Publié le Mercredi 22 novembre 2017 à 12h44.

Violences au travail : l’organisation du travail en ligne de mire

5 % des viols (10 par jour) et 25 % des agressions sexuelles se produisent sur les lieux de travail. 1 femme sur 5 aurait été victime de harcèlement sexuel au cours de sa vie professionnelle. 80 % des femmes salariées considèrent que dans le travail, les femmes sont régulièrement confrontées à des attitudes ou comportements sexistes.

Les violences au travail sont une réalité quotidienne pour les femmes. Il y a le sexisme ordinaire, quotidien, auquel on ne s’habitue pas et qui crée un climat général : blagues sexistes, graveleuses, fond d’écran ou calendriers porno, propositions déplacées, insinuations humiliantes… Certains secteurs sont connus pour ce genre de pratiques comme le secteur médical où la spécialisation et la hiérarchie hommes/femmes (médecins/infirmières) est très forte et favorise ces comportements. 

Tout cela participe de la dévalorisation des femmes, de leurs compétences professionnelles, à les maintenir comme inférieures… et donc à ralentir leurs carrières et à justifier les écarts de salaires. C’est donc bien à une organisation globale du travail qu’il faut s’attaquer lorsque l’on veut combattre les violences sexistes et c’est en ce sens qu’il faut pointer la responsabilité des employeurs.

Des violences favorisées par la destruction des solidarités

Ce climat général rend possible des actes plus graves : propositions insistantes de supérieurs hiérarchiques, attouchements, agressions et viols. Et lorsque les femmes dénoncent ces agissements, leur parole est mise en doute, les employeurs ne prennent généralement aucune mesure et les procédures judiciaires sont longues et difficiles. De plus la quasi-totalité des femmes qui ont engagé des procédures se sont finalement retrouvées sans emploi, soit qu’elles aient démissionné soit qu’elles aient été licenciées1.

La prise en charge syndicale de la lutte contre les violences au travail progresse lentement. Dans ce genre d’affaire on doit toujours garder deux choses essentielles à l’esprit :

– Commencer par construire la solidarité autour des victimes, pour les soutenir, pour que leur parole soit confortée par celles d’autres victimes ou de témoins, pour qu’elles ne soient pas isolées dans un milieu hostile au sein de leur environnement de travail. C’est une condition indispensable pour pouvoir mener la bataille jusqu’au bout. Il faut imposer à l’employeur l’éloignement de l’agresseur afin de protéger la ou les victime(s).

– Ne pas rester enferméEs dans une logique de cas individuels : il faut questionner l’organisation et les conditions de travail. Ces violences au travail sont favorisées par la destruction des solidarités, des collectifs de travail, par la concurrence entre salariéEs, par des rapports hiérarchiques infantilisants et stressants, etc. La responsabilité de l’employeur doit toujours être pointée du doigt.

La réforme Macron, avec entre autres la suppression d’une partie des représentantEs du personnel, en particulier les DP et les CHSCT, ne va pas faciliter le travail des organisations syndicales. Pourtant, comme partout, la libération de la parole des femmes est en marche et il est plus que probable que le nombre de cas dépasse les capacités de prise en charge par les syndicats. Dans ce cadre, l’auto-organisation des femmes pour faire changer les choses sera un élément essentiel et incontournable.