Publié le Lundi 12 octobre 2015 à 07h34.

Compaoré balayé

« Le beau Blaise » ne reviendra pas. Ami chouchouté par les grandes puissances (et notamment la France !) et autocrate qui s’est maintenu au pouvoir pendant 27 ans, l’ex-président rêvait bien d’un retour...

Le bras droit du président Compaoré, son chef d’état-major Gilbert Diendéré, fut décoré de la Légion d’honneur de la République française en 2008 par Nicolas Sarkozy. Il était à la tête du putsch déclaré le 17 septembre 2015. Il s’agissait bien de faire revenir le pays en arrière, avant la date du 31 octobre 2014.

En effet, c’est ce jour-là que Blaise Compaoré a chuté sur la démesure de ses ambitions. Alors que la Constitution du pays limitait dans son article 37 le nombre de mandats présidentiels que peut cumuler un individu, le président en exercice depuis 1987 cherchait à faire sauter ce verrou. Pour ce faire, il avait convoqué une assemblée parlementaire qui était majoritairement à sa botte.

La farce du vote parlementaire a été interrompue par des manifestants en colère qui, les jeunes en tête, ont pris d’assaut les bâtiments officiels. La répression s’est soldée par une trentaine de morts, mais le président Compaoré fut obligé de « dégager ». Un hélicoptère de l’armée française l’a alors exfiltré.

La France avait plusieurs fers au feu...

L’élément actif du putsch récent était formé par le RSP (Régiment de sécurité présidentielle), une troupe d’élite de 1 300 hommes dotée de chars et d’armements lourds, désormais dissoute. Le RSP avait été créé comme la garde prétorienne du président Compaoré et doté de riches privilèges matériels par le régime.

Les autorités françaises et de nombreux médias ont cultivé sur les derniers événements une position pour le moins ambiguë... Les États-Unis, désormais grand rival de l’impérialisme français en Afrique (ainsi que la Chine), ont joué un jeu plus nuancé. Parmi les unités militaires opposées au putsch et au RSP, certaines – dont des régiments de parachutistes – avaient été formées auparavant par des militaires états­uniens. Pour les USA, il s’agissait surtout de disposer d’un contrepoids à l’influence française.

La politique française officielle, même si une partie de ses appareils ont certainement eu des liens étroits avec Gilbert Diendéré et les forces qui l’entouraient, a su aussi avoir plusieurs fers au feu. Les deux principaux candidats (non compaoristes) à l’élection présidentielle ont ainsi été reçus par le Parti socialiste français…

Bertold du Ryon