Il est devenu évident pour le peuple palestinien que nous devons renoncer à nous reposer sur la grande majorité des gouvernements arabes. Seule la société civile – partis d’opposition, syndicats, unions, clubs, organisations de femmes, etc. – est capable de mobiliser un véritable soutien pour mettre fin aux crimes sans précédent d’Israël contre les trois composantes du peuple palestinien : les PalestinienEs dans les territoires occupés de 1967, les citoyenEs palestiniens d’Israël de 1948 et les réfugiéEs de la diaspora.
D’où l’importance des leçons que nous avons tirées de la lutte sud-africaine contre le régime inhumain de l’apartheid. Notre inspiration est le mouvement anti-apartheid, et c’est l’intervention de la société civile qui a été efficace à la fin des années 1980 contre le régime d’apartheid.
Occupation, nettoyage ethnique et apartheid
Nous, les PalestinienEs, ne sommes plus intéressés par l’opposition stérile au processus de normalisation initié par le traité de Camp David et les accords d’Oslo, et solidifié par les cheikhs du Golfe. Nous tenons plutôt à formuler le type de réponse qui pourrait réellement vaincre le système d’oppression sioniste à plusieurs niveaux : l’occupation, le nettoyage ethnique et l’apartheid. Au moment où la communauté internationale – société civile et gouvernements – décidera d’agir comme elle l’a fait contre le système d’apartheid en Afrique du Sud, Israël succombera face à l’appel au boycott, au désinvestissement et aux sanctions (BDS) lancé en 2005, qui représente la voix de la raison.
En dépit de toutes les longues années d’oppression et des milliers de rapports émanant des principaux organismes de défense des droits humains, et du déni des droits fondamentaux à l’éducation, à la libre circulation, à l’emploi et à la santé, les PalestinienEs sont blâmés pour ne pas être assez flexibles ! Les PalestinienEs sont privés d’une vie normale par plus de 600 checkpoints militaires israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem, par le siège moyenâgeux de Gaza et par l’apartheid officiel auquel sont confrontés les citoyenEs palestiniens en Israël même. Pour parler franchement, nous sommes discriminéEs parce que nous ne sommes pas juifs, tout comme les Sud-Africains noirs ont été discriminés simplement parce qu’ils n’étaient pas blancs.
L’abandon total du processus d’Oslo ?
Nous pensons qu’il est de notre droit d’attendre des peuples arabes qu’ils se joignent à nous dans notre lutte contre l’apartheid israélien en boycottant le régime raciste et militarisé et les institutions qui le font prospérer. Exactement comme les noirs d’Afrique du Sud avant nous, nous comptons de plus en plus sur le droit international et la solidarité pour notre survie même, en particulier de la part de nos propres frères.
Les dirigeants palestiniens officiels ont menacé de prendre des mesures sérieuses qui pourraient inclure l’abandon total du processus d’Oslo, mais sans parvenir à la seule conclusion logique, à savoir se diriger vers une solution à un seul État. Israël a déjà engagé l’annexion de 30 % de la Cisjordanie occupée, un mouvement qui est vu comme la déclaration de la fin du rêve d’un État palestinien « indépendant » sur 22 % de la Palestine historique. C’est la réalisation de ce rêve que les intellectuels pro-Oslo avaient élevée au rang d’objectif ultime justifiant le lourd tribut payé par les PalestinienEs. N’est-il pas grand temps que le peuple palestinien s’éloigne de l’illusion de la solution à deux États et s’inscrive dans une approche démocratique, qui puisse garantir ses droits fondamentaux – liberté, égalité et justice ?
Israël est un État colonialiste et d’apartheid, et les outils utilisés contre l’Afrique du Sud de l’apartheid peuvent servir de modèle dans notre lutte contre l’Israël de l’apartheid. Transformer Israël d’un État ethno-religieux d’apartheid en une entité véritablement démocratique devrait être l’objectif de chaque personne qui croit en la démocratie et aux libertés.
Traduction J.S.
Version originale sur mondoweiss.net