La maladie et la mort de Chávez ainsi que la brusque et forte baisse des prix du pétrole, à des niveaux bien inférieurs au revenu minimum nécessaire pour maintenir la situation de la gouvernance, commencée en 2006, ont ouvert un nouveau chapitre dans la lutte des classes au Venezuela.
L’empire américain, ses gouvernements laquais dans le monde et la lumpen-bourgeoisie nationale ont vu que le temps est venu pour récupérer la rente pétrolière et revenir au modèle du capitalisme tardif, dépendant et importateur qu’ils avaient impulsé.
Mais une nouvelle bourgeoisie apparue entre 2006 et 2013 n’est pas disposée à perdre le contrôle de 96 % des produits de consommation importés. Entre les deux, il y a un gouvernement et un parti, qui a joué à un nouveau multiclassisme socialiste, évitant la confrontation directe entre les classes antagonistes. Les travailleurs touchés par une inflation brutale, la perte de pouvoir d’achat et le remplacement du discours socialiste par une rhétorique de la survie du pouvoir, vacillent entre la passivité et le soutien inconditionnel au gouvernement de Maduro. Cette hésitation a conduit plus d’un million d’électeurs de Chávez à s’abstenir lors des élections législatives en décembre 2015, ce qui a rendu possible le triomphe de secteurs de l’opposition anti-chaviste. (…)
À l’heure actuelle, nous vivons de terribles niveaux de violence quotidienne, dont l’escalade ouvre la possibilité d’une guerre civile, expression d’un débordement de la lutte des classes et du début d’une situation révolutionnaire, mais aussi la possibilité de la formation d’un gouvernement autoritaire cherchant à arbitrer le conflit intérieur de la bourgeoisie, ou d’une intervention militaire étrangère pour effacer le mauvais exemple du chavisme en Amérique latine, les Caraïbes et dans le monde, ou encore d’un blocus économique avec le gel des comptes du pétrole. (…)
Nous souffrons quotidiennement de cette violence de rue, et des nombreux morts, financée par la lumpen-bourgeoisie et par les forces extérieures. En Luchas (Ligue unitaire chaviste socialiste), exige l’incarcération immédiate et la poursuite des auteurs de ces meurtres, quels qu’ils soient et peu importe ce qu’ils prétendent défendre. Pour nous, ce sont des enfants de travailleurs et de salariés qui sont manipulés ou qui tombent dans la mêlée, et pour que cela ne puisse se reproduire, il ne peut y avoir aucune tolérance, aucune impunité ou dissimulation procédurière de la vérité. (…)
La convocation d’une Assemblée nationale constituante (ANC) a renforcé l’extrémisme de la droite, provoquant une montée incontrôlée de la violence. Dans certains États du pays, comme dans celui de Carabobo, elle a atteint son paroxysme : les gangs criminels armés qui contrôlent certaines zones, lotissements et quartiers des principales villes de cet État, ont imposé le pillage de toutes sortes de commerces, des transports alimentaires et des logements, imposant des péages au déplacement des citoyens, agressant et même assassinant des gens marchant simplement dans les rues. (…)
La Ligue unitaire chaviste socialiste a décidé de participer activement et ouvertement au processus constituant. Nous réaffirmons notre soutien critique au processus bolivarien, et dans ce sens nous allons accompagner les travailleurs, les paysans, les étudiants, les femmes, les salariés, les exploités et les marginalisés dans la perspective d’obtenir une grande représentation légitime dans ce grand scénario parlementaire que sera cette Constituante, afin que leurs députés contribuent à ouvrir la voie à une radicalisation socialiste révolutionnaire du processus. Sans douter ni hésiter, nous sommes du côté du président Maduro en nous appuyant sur les travailleurs pour impulser la révolution socialiste radicale du processus bolivarien.
Valencia, mai 2017