C’est dans un contexte marqué par une forte répression policière et un très large soutien, politique et médiatique, à l’attaque génocidaire d’Israël en Palestine, que les mouvements étudiants de solidarité envers le peuple palestinien se sont organisés dans différentes villes en Italie. Leur action constitue également un levier de contestation des politiques impérialistes des États membres de l’Otan et, plus particulièrement, de celles autoritaires et antisociales promues par le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni.
Un temps fort de la mobilisation étudiante de solidarité à la Palestine en Italie a été enregistré à la fin du mois de février. En effet, le 23 février, à Pise, des affrontements violents avec les forces de l’ordre ont eu lieu lors de la marche pacifique des étudiantEs, dont onze ont été blessés. À Florence, les Cobas1 ont collaboré avec la communauté palestinienne et les étudiantEs pour organiser une grève générale qui a fait suite au troisième veto des États-Unis sur la proposition de cessez-le-feu à Gaza. La grève a été suivie notamment dans le secteur de la logistique et du textile mais aussi dans l’éducation et la santé.
La radicalisation du mouvement étudiant pro-Palestine et la réponse répressive de l’État
Le lendemain, le mouvement a été très puissant à Milan où 15 000 personnes ont défilé dans les rues de la ville lombarde pour déclarer que « le peuple palestinien existe et résiste ». Des actions sur un Carrefour et des tentatives de rejoindre le Consulat des États-Unis ont également été signalées.
Le 8 mars a également constitué un moment crucial pour le mouvement pro-palestinien avec des dizaines de milliers de manifestantEs dans la capitale et dans tous les pays et la présence très naturelle de cortèges pro-Palestine qui ont souligné le lien très fort qui s’est créé entre la lutte pour les droits des femmes et le combat anticolonial et pour l’autodétermination des peuples opprimés.
Toujours en mars, à Bologne, les étudiants ont occupé les salles du Palais Hercolani pour dire Stop aux accords entre l’Université de Bologne et le secteur industriel militaire de l’État d’Israël tout en contestant également les programmes de collaboration avec l’Otan : « après 75 ans de massacre aveugle du peuple palestinien par Israël avec le soutien de tout l’Occident, et plus de 10 000 morts rien que le mois dernier avec les bombardements aveugles d’hôpitaux, d’écoles, d’universités et de camps de réfugiés, il n’est plus acceptable que nos universités se rangent du côté d’Israël »2. À l’occasion de l’ouverture de l’année académique, des étudiantes ont réussi à lire quelques extraits d’une déclaration sur la scène du théâtre Manzoni, dénonçant haut et fort les atrocités commises par Israël au Moyen-Orient et l’absence de prise de position de l’université. Ces actions ont été suivies par des manifestations de rue et des confrontations violentes avec les forces de l’ordre.
La mobilisation des universités se poursuit avec une nouvelle journée de grève le 9 avril à laquelle ont adhéré 25 établissements qui demandent au ministère de ne pas souscrire une nouvelle coopération industrielle, scientifique et technologique avec Israël. Occupations, flashmobs et rassemblements, le mouvement ne s’arrête pas et lance un nouvel appel à une réunion publique du monde de la recherche le 17 avril.
Construire une opposition face à l’anachronisme de l’apartheid
Le mouvement étudiant s’en prend à l’extrême droite italienne et aux puissances occidentales, complices du génocide mais aussi à leur instrument d’action géostratégique, l’Otan.
L’anachronisme de l’État d’apartheid en Israël-Palestine et le soutien inconditionnel qui lui accordent les États occidentaux et leurs classes dominantes rend visible la brutalité de la société capitaliste et de ses guerres d’occupation.
La défense du peuple palestinien est associée à son droit à résister. Les méthodes de la désobéissance sont reprises dans les cortèges des étudiantEs qui souhaitent renouer avec le mouvement de l’Intifada palestinienne et lui donner un nouvel écho dans le contexte des États autoritaires occidentaux. Le symbole de la Palestine permet alors de se révolter et d’essayer de se libérer de la chape de plomb que le gouvernement néofasciste de Giorgia Meloni a jeté sur la jeunesse universitaire et ses aspirations émancipatrices.
- 1. Les COBAS (Comités de base) sont une organisation syndicale autonome qui œuvre, d’une façon radicale et innovatrice, en dehors de la ligne syndicale confédérale. Ils ont été fondés en 1986, d’abord uniquement dans les secteurs de l’école et des transports, puis dans les autres catégories, pour soutenir les intérêts et l’identité professionnelle des travailleurEs.
- 2. https://www.bolognatoday…