Cette initiative du gouvernement est à l’inverse du processus d’élaboration, de débat et de sanction de la Constitution de 1999 qui comportait la participation active et majoritaire du peuple souverain, un processus qu’à Marea Socialista, nous revendiquons comme une méthode démocratique.
Les annonces connues à ce jour, la Gaceta [l’équivalent du Journal officiel NDT] elle-même portant la convocation faite par Maduro, de même que la déclaration du membre de la Commission présidentielle pour la Constituante Aristobulo Isturiz qui a affirmé : « il n’y a rien à demander au peuple parce qu’aujourd’hui la Constitution actuelle prévoit la Constituante », démontrent qu’il s’agit d’une proposition aux caractéristiques corporatistes et antidémocratiques, avec la participation arbitraire de 50 % d’instances cooptées par l’État et sans consultation. Une proposition qui a seulement servi à jeter de l’huile sur un feu alimenté par les directions politiques et nous place face à un horizon bien plus menaçant.
D’autre part, cette Assemblée nationale constituante n’est ni utile ni nécessaire pour affronter les problèmes les plus urgents et les plus immédiats dont souffre notre peuple. L’urgence d’approvisionner en aliments et médicaments nécessite des mesures concrètes, à l’opposé de celles qu’est en train d’appliquer le gouvernement, par exemple la suspension du paiement de la dette extérieure pour satisfaire les besoins de la population. (…)
Comme vient de le signaler la procureure générale Luisa Ortega, on ne peut pas demander à la population de rester dans la légalité si c’est l’État lui-même qui viole la loi. Sur ce point, il faut être clair : l’actuelle dynamique de répression violente, de caractère démesuré, excessif et dans certains cas brutal, utilisée par les forces de l’État, accompagnées de civils armés, va bien au-delà de tout contrôle ou supervision de la protestation sociale, elle se convertit en une violation ouverte des droits humains fondamentaux. Entre autres choses, il est bon de rappeler que les délits provoqués par cette violation sont imprescriptibles dans le temps.
Bien entendu, nous rejetons l’action des groupes provocateurs ou les possibles francs-tireurs qui agissent en étant couverts par la direction de la MUD. Mais sans coïncider en aucune façon avec la politique de cette direction ni avec ses convocations, il faut souligner que la majorité des morts, civils désarmés, jeunes et femmes, l’ont été dans le cadre de manifestations qui exerçaient le légitime droit à la protestation, de même que les plus de 700 blessés et les centaines de personnes arrêtées. Dans ce cas, sans aucun doute, nous revendiquons le droit à la légitime défense qu’exercent les manifestants quand l’État viole l’exercice des droits des citoyens. Cette violation constante est la caractéristique principale des régimes autoritaires qui dérivent vers le totalitarisme, et c’est l’un des principaux facteurs qui alimentent la violence. (…)
Dans l’actuelle situation de crise et de violence croissante, il est indispensable de faire valoir la voix du peuple, de faire approuver la convocation par le peuple souverain par référendum, et de même, de faire approuver le résultat de l’Assemblée nationale constituante si elle se réalise de la même manière. C’est pour cela que nous appelons à constituer un grand front pour l’exiger et mettre en œuvre ces référendums consultatifs. Et en attendant, nous exigeons depuis cet espace la pleine vigueur de la Constitution de 1999. (…)
Un exemple de cela est l’activation du « Plan Zamora » dans l’État de Carabobo, qui doit être interprété comme une expérience pilote avec la prétention de l’étendre ensuite à tout le pays. Ce plan consiste en la mise en place de tribunaux militaires à la place de la justice ordinaire pour juger les manifestants arrêtés, l’installation de fait de camps de détention dans les dépendances militaires, ce qui est alarmant et peut amener à dépasser la mince frontière qui conduit à l’établissement d’un gouvernement ouvertement répressif et totalitaire.
7 mai 2017