L’annonce du dégel du corps électoral en 2024 a été vécue comme un coup de force par le mouvement indépendantiste.
Pour le FLNKS, cette décision piétine l’accord de Nouméa et rouvre une logique coloniale. Le 13 mai, une mobilisation d’ampleur éclate : elle exprime non seulement le refus d’une recolonisation, mais aussi la colère de la jeunesse face au chômage massif, à l’inégalité d’accès à l’emploi et à la négation persistante de l’identité kanak.
14 morts et des centaines d’arrestations
La gendarmerie réprime violemment le soulèvement. En quelques jours, 14 personnes trouvent la mort, dont 13 Kanak et un gendarme. Aucune enquête indépendante n’est ouverte sur les circonstances de ces décès. En revanche, les arrestations se multiplient : le camp Est, ancien bagne colonial, devient rapidement saturé. En tout, près de 70 prisonniers sont transférés vers la métropole, à 17 000 kilomètres de leurs familles, rendant leur défense extrêmement difficile.
La CCAT dans le viseur
La répression vise particulièrement la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), organisation mise en place par le FLNKS pour mobiliser la population. Sept de ses membres sont inculpéEs puis déportéEs dans différentes prisons françaises. Leurs papiers sont confisqués, ils et elles n’ont droit qu’à un « passeport vert » qui ne leur permet pas de sortir de France. Christian Tein, le président du FLNKS, est mis immédiatement à l’isolement. Il y restera 10 mois. Il aura fallu le dépaysement de l’enquête en France pour que la justice les libère. Mais ils et elles restent sous contrôle judiciaire et n’ont plus de carte Vitale pour accéder aux soins médicaux. Leur éloignement entraîne des coûts exorbitants pour leurs proches, qui doivent financer voyages et frais de justice. Pour les militantEs indépendantistes, cette dispersion relève d’une stratégie destinée à isoler et affaiblir le mouvement.
Le drame de Plum : la vie d’un Kanak ou d’un Wallisien ne compte pas
Le ratio forces de l’ordre/population est trois fois plus élevé en Nouvelle-Calédonie qu’en France. De jeunes gendarmes, qui ne connaissent rien au pays, réagissent dans la panique avec des réflexes inadaptés. Les patrouilles sont omniprésentes, les Kanak et les OcéanienNEs sont systématiquement fouilléEs, contrôléEs.
C’est ainsi que le drame est survenu à Plum. Le 18 septembre, aux alentours de 19 heures, une patrouille intervient pour mettre fin à une dispute dans le village. Un gendarme tire sur un pickup qui prenait la fuite et atteint à l’œil un jeune Wallisien, Faara Fournier, qui n’avait rien à voir avec cette dispute. Le gendarme auteur du coup de feu n’a pas été mis en examen mais placé sous statut de témoin assisté.
Le contraste est fort entre la déportation et l’emprisonnement des militantEs de la CCAT, qui n’ont tué personne, et l’assignation comme témoin assisté du gendarme dont la balle a éborgné puis tué le jeune Wallisien.
Pour le FLNKS, ce drame « n’est pas un dérapage, mais bien le résultat d’un système bien rodé, une politique coloniale assumée, qui repose sur la force pour maintenir un ordre imposé ». Pour y mettre fin, il faut que les compétences régaliennes, la police et la justice soient transférées à un État de Kanaky – Nouvelle-Calédonie souverain.
Drass, comité Bourgogne